Entretien avec Antoine SCHMITT directeur technique de Carton |
- Directeur technique, qu'est-ce que c'est ? - Sur ce titre, CARTON, j'ai participé à la conception et j'ai réalisé l'interactivité. L'interactivité, c'est ce qui réagit, ce qui donne de la consistance, de la présence. C'est ce qui transforme des images et les sons en objets, en univers.les rends tangibles, ça leur donne une physique.
- Quel est l'avenir de ce métier ? - Il y en a probablement plusieurs. Cela ira du scénariste interactif, déjà présent derrière tous les jeux vidéos, au programmeur d'IA (intelligences artificielles) dans les futurs soap-opéras interactifs. Je pense que nous voyons naître en ce moment un nouveau domaine d'expression, comme le cinéma au début du siècle, et que nous allons assister à la fois à une standardisation des modèles et à des expérimentations sur le médium. C'est plein de promesses. - Qu'est ce qui caractérise la "présence" de CARTON ?
- Je pense que c'est le toucher. On touche l'image, on touche le son. On
explore par le toucher. On se retrouve dans des petits univers qui inspirent
la curiosité. - Est-ce différent de travailler avec des musiciens ? - Sur ce titre, Jean-Jacques Birgé et Bernard Vitet sont plutôt des cinéastes et des poètes, tant dans leur musique que dans les parties multimédia. Ils ont inventé des univers. Ils avaient des idées bien précises. Ils étaient réalisateurs et connaissent bien le médium. J'ai réalisé l'interactivité sur un autre CD-Rom expérimental, just from Cynthia, sous la direction d'Alberto Sorbelli, qui sera présenté au Centre Georges Pompidou dans l'exposition Made In France en février 1997, et dans lequel je présente aussi deux pièces personnelles. Les 30 artistes qui collaboraient à ce CD-Rom découvraient le médium CD-Rom et l'interactivité, d'où un certain chaos. Sur CARTON, nous arrivons à une sobriété et un achèvement remarquables. - Vous parlez de pièces personnelles, que représente CARTON pour vous ? - Mes recherches explorent les notions de temps, de présence, de destin, de narration. Dans CARTON, j'ai été très attiré par l'idée des univers correspondants aux chansons. Ca va dans le même sens. Aussi, j'avais déjà travaillé avec Jean-Jacques et Bernard et avec Étienne et nous avons des visions communes et complémentaires. Enfin, le concept de l'objet CD-Extra m'attire beaucoup. - Quelle est pour vous l'apport du CD Extra par rapport au CD-Rom ? - D'une part, Le CD-Extra est un bel objet. La musique et la partie interactive se soutiennent mutuellement. C'est quelque chose qui fait sens. D'autre part, c'est un beau produit. Il mérite une bonne place sur les rayons. Enfin, contrairement aux CD-Roms qui s'institutionnalisent de plus en plus, c'est un nouvel espace de liberté où il est encore possible de s'exprimer. - Quels sont vos projets en cours ? - D'abord terminer un moteur de scénarios interactifs, en collaboration avec Pierre Laffargue du S.P.E.C.T.R.E.. Par ailleurs, l'aventure "just from..." continue. Et il y a toujours cette présence dans la machine.... Antoine Schmitt Alors 35 ans. Il vit et travaille à Paris,
et fabrique des logiciels depuis 20 ans. Il écrit ses premiers
jeux vidéo à 15 ans en 1976. Ingénieur Telecom (ENST
1984), il étudie et applique l'intelligence artificielle (1985),
les réseaux neuronaux (1988), la vidéo interactive (1988),
les CD-Roms (dès 1989), les systèmes d'informations géographiques,
les interfaces graphiques, le groupware (1991). Il travaille avec plusieurs
sociétés innovatrices (Act Informatique, NeXT, Hyptique...),
à Paris et dans la Silicon Valley. Depuis 2 ans, comme consultant
indépendant, il collabore à plusieurs projets originaux
(DTour, Au Cirque avec Seurat, Nuit Noire, Carton...) Pour des informations nettement plus récentes : gratin ! |