Hommage à Neo Rauch par Birgé Duret Rinaudo
Par Jean-Jacques Birgé, mercredi 6 septembre 2023 à 00:05 :: Musique :: #5404 :: rss
Plutôt que les cartes Stratégies Obliques que j'ai souvent utilisées ou celles de Dixit jamais encore testées, la clarinettiste Hélène Duret et la harpiste Rafaelle Rinaudo ont choisi de piocher quelques tableaux dans le catalogue de l'exposition Le songe de la raison du peintre allemand Neo Rauch comme sources d'inspiration à notre nouveau Pique-nique au labo. Le mois dernier j'avais été impressionné par cette exposition qui se tient au Mo.Co. à Montpellier jusqu'au 15 octobre 2023. Chacune, chacun à notre tour nous avons donc sélectionné un tableau, Tempête dans le jardin (1997) et L'offrande (2016) pour Hélène, Mercure (2003) et La première (2015) pour Rafaelle, Descente (2009) en ce qui me concerne. Comme j'ai souvent opté pour des cercles, ronds comme des disques, pour les pochettes de ce projet pharaonique, le tableau Plan (1994) m'a paru tout indiqué. Les connaisseurs remarqueront que nous n'avons pas choisi les plus chargés ou les plus compliqués. Sur le site drame.org j'ai reproduit en petit les cinq tableaux en face de chaque pièce musicale. Je pense que c'est le trente-cinquième pique-nique depuis le début de cette aventure où il s'agit de jouer pour se rencontrer, et non le contraire comme il est d'usage, histoire aussi de retrouver son âme d'enfant, quand il n'y avait d'autre enjeu que de s'éclater en faisant de la musique.
Le pari a une fois encore rempli sa promesse. Aucun/e de nous trois n'avons senti le temps passer. L'album Le songe de la raison, titre de l'expo de Rauch, en écoute et téléchargement gratuits sur drame.org, fut enregistré entre midi (le temps de s'installer, de faire les niveaux et la balance) et seize heures (rentrée des classes oblige) avec une pause déjeuner. Comme l'une de mes invitées est végétarienne, j'avais fait des légumes (courgettes, blettes, oignons) avec du riz saupoudré de furikaké. Tous les trois fans de piment, nous avons corsé le plat avec celui cuisiné par mon ami Sacha Gattino, une merveille, parfumé, sucré et costaud en unités Scoville ! Le dessert consistait en un sorbet cacao bitter ou une glace au caramel beurre salé selon les convives, tradition locale oblige (ici c'est tous les jours dimanche, et l'été toute l'année !)).
Lorsque nous étions en train de ranger j'avouai à mes camarades de jeu que je n'avais pas la moindre idée de ce que j'avais fait ni comment l'ensemble sonnait. Je craignais même d'avoir agi en somnambule, ce qui se vérifia, mais avec bonheur, lors du mixage (plutôt un rééquilibrage des voies) que je réalisai hier mardi, soit le lendemain-même de nos agapes. Rafaelle me confia qu'elle n'avait pas l'habitude de jouer avec un homme-orchestre, ce qui ne peut évidemment pas m'étonner. Ce fut une véritable partie de plaisir, un "songe" certainement, "de la raison" j'en doute tant la musique nous transporte vers des contrés irraisonnables. Quand on sait que ce titre provient de la gravure de Goya El sueño de la razón produce monstruos, on ne s'étonnera de rien !
En plus de ses clarinettes, Hélène produisit des sons graves en feuilletant un gros dico et d'autres tranchants en agitant une feuille de papier. Elle utilisa aussi discrètement sa voix et ses mains. Rafaelle traita sa harpe électrique avec des pédales et toutes sortes de techniques modernes que je n'ai pas repérées, penché sur mes instruments, les oreilles collées à mes écouteurs. Je me servis pour la première fois du Terra dont j'ai exploré les fantastiques propriétés pendant tout l'été en plus de l'Enner, un autre synthé russe à l'interface tactile aussi particulière. Mes claviers incarnent-ils la sécurité ou bien le contraire ? Il est assez fou de tenir à me renouveler à chaque rencontre. Lorsque je ne radote pas quelques uns de mes sons préférés programmés il y a des décennies sur mes vieux synthés, je valse entre plusieurs moteurs, Kontakt, UVI, Roli et Soundpaint, avec près de six terras de mémoire. Le plus compliqué est de se souvenir de cette masse encyclopédique et de charger celui qui convient le mieux à l'instant. Empoigner une trompette à anche, une flûte, une guimbarde, un instrument à cordes, quelques percussions humanise l'ensemble de ma palette de couleurs.
Prochain pique-nique au labo le 4 octobre avec la violoniste alto (et bassiste) Maëlle Desbrosses et la chanteuse (et guitariste) Isabel Sörling ! Mais pour l'instant j'écoute en boucle ce que nous avons enregistré lundi et qui me ravit. Je dois également préparer la petite fête de sortie du volume 3 en CD qui réunira plus d'une trentaine des participant/e/s de mes joyeux pique-niques depuis le début de cette aventure !
→ Birgé Duret Rinaudo, Le songe de la raison, en écoute et téléchargement gratuits sur drame.org, également sur Bandcamp
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