70 mars 2006 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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jeudi 30 mars 2006

Ouvrez Les Portes

Nouvelle page pour Les Portes, surtout plus claire : http://www.somnambules.net/lesportes. J'espère que les musiciens vont se déplacer jusqu'à la Place de la Concorde pour venir jouer avec nos Portes. Je suis impatient de voir et d'entendre comment chacune ou chacun des visiteurs va s'approprier l'engin en jouant avec les autres (c'est un trio, il y a trois portes)...

mercredi 29 mars 2006

Le meilleur film sur le 11 septembre


Loose Change est un film à ne manquer sous aucun prétexte.

L'incendie du Reichstag, pardon, le coup d'état du 11 septembre 2001,
filmé par Dylan Avery. On peut regarder le film librement sur :
http://www.dailymotion.com/atmoh/video/57369
Il y a un lien vers la 2nde partie sous l’écran :
http://www.dailymotion.com/atmoh/video/57822
On peut agrandir l’écran en cliquant sur la petite fenêtre noire en bas de l’écran, juste à gauche de l’inscription daily motion.
Il y a une version de meilleure qualité de Loose Change (écran large et en une seule partie) sur http://reopen911.online.fr

Il me semble que ce sont des personnes proches du Réseau Voltaire qui relaient le film en France en lui adjoignant des sous-titres français. Les preuves contre le livre de Meyssan furent plus incroyables que ce qu'elles prétendaient dénoncer. Dans les reportages des journaux français comme Libération, la rigueur pour contredire cette théorie aurait dû être de mise. Il est indispensable de rouvrir le débat sur le 11 septembre. Aujourd'hui plusieurs films, tournés par des Américains pour les Américains, vont beaucoup plus loin que l'enquête de Meyssan : le plus époustouflant est certainement Loose Change, mais on peut voir aussi 911 in Plane 1/2 et PainfulDeception (Trahison douloureuse). On trouve plus d'informations sur http://at.moh.online.fr/ReOpen911/.

Si ce n'était qu'une théorie du complot sur le 11 septembre, ce serait déjà renversant. Mais à suivre ce qui s'est passé ensuite (ce n'est pas dans le film) - les lois scélérates dites "patriotes" votées dans la foulée, l'invasion de l'Afghanistan et de l'Irak pour éradiquer des armes de destruction massive (on n'en a trouvé aucune dans ni dans un pays ni dans l'autre), l'opération Anthrax (étouffée lorsque les coupables ont été découverts parmi l'extrême-droite américaine), les tricheries aux élections américaines, etc. - on peut s'interroger et se demander si nous n'avons pas à faire avec le plus gros coup d'état de l'histoire de l'humanité. Logique politique parfaitement plausible des Etats Unis avec leur politique extérieure depuis un siècle, depuis le Canal de Panama. sauf que cette fois, le pays le plus puissant du monde est tombé aux mains de la pègre, la bande des voyoux du pétrole soutenus par des fanatiques religieux. God bless America et le reste du monde.

Si certaines questions vous paraissent insensées, si certaines affirmations vous semblent relever de la paranoïa, repensez à Néron, repensez à Hitler et à l'incendie du Reichstag, repensez au projet Manhattan, admirez le travail en Amérique du Sud, regardez bien, écoutez bien, informez-vous auprès d'ingénieurs et de spécialistes, faites en sorte de contrarier ce qui vous est montré, mais ne laissez pas ces questions en suspens, il y va de l'avenir de l'humanité. Ne dites pas un jour "on ne savait pas". C'est trop tard, vous aurez vu ces images et entendu ces témoignages.

P.S. : commentaire rectificatif du 25 avril 2006 à cliquer ci-dessous.
P.P.S. : nouveau site http://www.loosechange911.com/

mardi 28 mars 2006

C'est le printemps : grève générale !


La belle saison s'annonce.

lundi 27 mars 2006

Nouveau site de Nicolas Clauss


Le nouveau site de Nicolas, nicolasclauss.com, réunit l'ensemble de son travail : L'ardoise (le petit dernier, en cours de finition, qui va être superbe !), De l'art si je veux (un sommet d'humour critique), J'ai dix ans et Cinq ailleurs, le célèbre Flying Puppet (avec, entre autres, 26 modules auxquels j'ai participé), ainsi que Les Portes (vernissage le 7 avril) et Somnambules, réalisés ensemble.
C'est la révolution, Nicolas abandonne le noir pour des pages sur fond blanc, simples et efficaces. À signaler, la page de liens qui fait œuvre elle-même.

dimanche 26 mars 2006

Leurre d'été

Contrairement à mon ordi, mon réveil ou mon décodeur télé, mon horloge biologique n'est jamais mise à jour automatiquement.

Je perds le fil des saisons. Je n'ai plus la délicieuse sensation des jours qui s'allongent doucement. Deux fois par an, le passage est brutal. Nous perdons le contact avec la nature planétaire encore un peu plus. Cela fait trente ans que ça dure. Il paraît que le gain économique est minime, entre ce que ça coûte réellement et ce que ça rapporte. Il n'y a pas que la facture d'énergie industrielle, on oublie celle des êtres humains, bringuebalés par les lubies technocratiques. Un de ces jours, on reviendra au cycle, les révolutions.

samedi 25 mars 2006

Bouclage du n°15 du Journal des Allumés du Jazz


Ambiance effervescente au Mans comme chaque fois lors d'un bouclage !

L'affaire Terronès/Méphisto a fichu un sacré souk dans le monde du jazz. Personne ne veut trop se mouiller. Les Allumés se jettent à l'eau avec un numéro spécial Photo qui pose la question de la propriété d'une image (voir Blog du 18 janvier). Gros dossier sur le sujet : entretien avec les deux protagonistes par Jean-Paul Rodrigue et Didier Petit, articles d'Étienne Brunet, Sandrine Erhardt, Jean Rochard et moi-même, témoignages divers, plus Le Cours du Temps avec Guy Le Querrec, les photos de Jürgen Schadeberg commentées par les musiciens de l'Arfi (Christian Rollet, Jean-Paul Autin, Jean Bolcato) et notre GLQ par Élise Caron... La question inspire Cattaneo qui se surpasse avec ses dessins et strips noir et blanc. Le Journal (gratuit, s'abonner sur le site des ADJ) paraîtra mi-avril.

vendredi 24 mars 2006

Rire jaune, sueur froide


Crise de nerfs d'un jeune allemand face son jeu vidéo qui refuse de fonctionner.

Antoine m'envoie ce lien vers une vidéo qui pourrait être amusante. Je ne peux pourtant m'empêcher de m'inquiéter pour l'avenir de cet adolescent. Devant l'étrange similarité de ton avec celui du Führer sur le stade de Nüremberg en 1933, je me demande si le jeune Adolf avait de tels problèmes avec sa palette de peinture. Quel effet cette crise hystérique produit-elle sur les spectateurs que nous sommes ? Sa puissance me rappelle les réactions si variées engendrées par la projection du film A movie de Bruce Conner. On commence par rigoler, le rire se fige, on devient grave pour sombrer dans un abîme de perplexité, et c'est là que la question prend tout son sens. En tous cas, l'avertissement habituel sur le stress que peuvent générer les jeux vidéo est donc à prendre bien au sérieux.

jeudi 23 mars 2006

Captain Beefheart on TV


Captain Beefheart est-il le vrai génie qu'évoque Jimmy Carl Black en l'opposant à Zappa ? Sa destruction systématique des rythmes rock, ses élans free, sa voix exceptionnelle préservent la puissance de la découverte. Ses peintures ont le même pouvoir de fascination. L'art brut conserve une charge révolutionnaire qui fait fi des modes. Documents enfin visibles grâce au P2P. Illégal ?

Pour une fois, un documentaire qui n'est pas qu'hagiographique ! The Late Show présente The Artist Formerly Known As Captain Beefheart, réalisé par Elaine Shepherd et conté par John Peel. Tous les protagonistes sont là, les cadavres entre Zappa et le Capitaine sortent du placard, les musiciens du Magic Band (Doug Moon, John French, Ry Cooder, Bruce Fowler) ainsi que le créateur des Simsons, Matt Groening, ou le directeur du Musée d'Art Moderne de New York en rajoutent une couche, les peintures de Don Van Vliet (prononcer Vlit) sont exposées, les témoignages abondent, le désert de Mohave nous entoure, les extraits musicaux mettent l'eau de feu à la bouche...
On trouve sur le Net des émissions de télé, comme celle-ci diffusée à la BBC en 1994, évidemment difficilement visibles autrement, d'autant qu'elles ne sont pas commercialisées. Le téléchargement devenu interdit sur le territoire français, quels risques prenons-nous à enfreindre cette loi honteuse qui vient de passer à l'Assemblée sous prétexte de garantir les droits de propriété des artistes au détriment de la mémoire musicologique ? N'aurait-on pu trouver un système qui préserve les deux ?
Côté concerts, j'ai trouvé l'extrait d'Amougies avec She's Too Much For My Mirror et My Human Gets Me Blues (où Don Van Vliet, dit Captain Beefheart est accompagné par Victor Hayden/The Mascara Snake à la clarinette basse, Bill Harkleroad/Zoot Horn Rollo à la guitare, Mark Boston/Rockette Morton à la basse et Jeff Burchell/The Imposter Drumbo à la batterie)... J'avais enregistré sur place l'intégralité du concert (en audio) avec surtout la version de 20 minutes de Big Joan Stes Up avec Frank Zappa à la guitare et arrosant de whisky l'harmonica du Capitaine... Document exceptionnel qui serait perdu si un jeune homme de 17 ans n'avait pas embarqué un petit magnéto avec son sac de couchage !
J'ai également pu récupérer l'émission Chorus de 1980 ainsi que deux morceaux de 1966 (Who Do You Think You're Foolin'? et Diddy Wah Diddy) sur la plage de L.A. dans le Dick Clarke Show.
À noter enfin, Some Yoyo Stuff, un DVD un peu frustrant (13 minutes), acheté sur Internet, réalisé par Anton Corbijn.



mercredi 22 mars 2006

Inapplicable

La loi sur les DADVSI et le téléchargement a été votée hier à l'Assemblée Nationale.

Deuil national. Billet d'infos.
La loi est inapplicable à moins de fliquer tous les internautes, mais pourquoi pas ?
Seul dièse à cette absurdité, l'obligation des sites payants d'homogénéiser leurs protections pour que les fichiers téléchargés soient lisibles sur tous les lecteurs, mais est-ce applicable en l'état ?

mardi 21 mars 2006

Incassable(s) par D' de Kabal


INCASSABLE(s) est un album mis en ligne sur le net - à disposition de tous, téléchargeable gratuitement sur le site officiel www.d2kabal.com et sur le site partenaire www.90bpm.com.
Engagement politique, voix rauque, beaucoup d'humour, d'amour et de haine. Dématérialisé donc incassable.

Inclassable peut-être, incontournable, certainement. Le rap réfléchit la rue et les cités. Celui du slameur D' est une mitraillette libératrice, un feu d'artifices qu'éclairent Hanifah Walidah, Claudia Philips ou Marc Ducret, une construction infernale, une histoire de nègre qui reprend sa liberté pour en jouir sans entraves et sans temps mort. Les producteurs Yed et Professor K rivalisent de petites trouvailles. On plonge dans le passé pour bondir dans le futur.
Paracelse proclamait : "Je vous apporte la peste, moi je ne crains rien, je l'ai déjà !"
La voix de D' comme le mouvement de la rue sont : incassable(s).

lundi 20 mars 2006

Prova d'Orchestra


Le générique du film de Fellini se déroule sur un concert de klaxons, embouteillage précédant quelques considérations acoustiques du copiste. Le silence envahit la chapelle tandis qu'on voit les notes inscrites sur les partitions posées sur les pupitres. Fellini n'invente rien et c'est évidemment hirsute, comme une répétition d'orchestre. Chaque musicien vient témoigner de sa relation privilégiée avec son instrument. L'orchestre se rebelle contre la toute-puissance du chef.
Avec deux autres pseudo documentaires, Roma et Les Clowns, c'est un des meilleurs films de Fellini. Tourné pour la télévision, c'est un filmetto, explique Federico. Il raconte aussi n'écouter jamais de musique, cela le plonge dans une profonde mélancolie. Il n'a aucune culture musicale et il fait confiance à Nino Rota, qui, lui, ne regarde pas les films. Même finis... Il ne supporte pas d'être plongé dans l'obscurité. C'est amusant lorsqu'on sait que l'association Fellini-Rota est souvent citée en exemple d'accord parfait entre un réalisateur et un compositeur ! Complémentarité confiante entre deux handicapés.

Le film, hélas, n'est distribué en France que dans un gros coffret qui réunit 8 DVD, heureusement essentiellement des films de la première période (i Vittelloni, Il Bidone, La Dolce Vita, Juliette des Esprits), un (trop) tardif (La Voce della Luna) et un documentaire (Je suis un grand menteur).

dimanche 19 mars 2006

Le phénomène d'identification

"Le spectateur ne vit pas un film ; il revit au travers du film une succession d'émotions qu'il a mémorisées et qui sont stimulées par le scénario."

À la page 41 de son livre Jeux Vidéo et Médias du XXIe Siècle (Ed. Vuibert), Stéphane Natkin cite cette réflexion de Claude Bailblé dans sa thèse de docteur d'université (Paris VIII) intitulée La perception et l'attention modifiées par les dispositifs du cinéma (1999). Cette remarque aussi courte que lumineuse sur les phénomènes d'identification est extensible à d'autres phénomènes de perception et de réaction à des stimuli extérieurs. Ainsi nos attirances et répulsions pour des individus, nos réactions les plus intimes, peuvent être conçues comme des reflets de la mémoire d'événements préalablement vécus... Dans la petite enfance par exemple, guten Morgen Herr Freud !

samedi 18 mars 2006

Propriété Légalité Sécurité

Archéologie du Net : les trésors remontent à la surface...
tandis que les législateurs votent des lois régressives, honteuses et dangereuses sous couvert de protection des droits d'auteur.

J'en ai déjà parlé un petit peu dans d'autres billets. J'aurais aimé découvrir ces pépites vidéographiques il y a trente, vingt ou dix ans : toutes les émissions où Frank Zappa est interviewé sur les chaînes de la télévision américaine, un documentaire hollandais de 1971, 20 minutes de show de Sly and the Family Stone, un documentaire d'une heure sur Sun Ra (Brother from Another Planet), un concert de Stevie Wonder au Japon, un autre de Marvin Gaye, Hendrix chez Drucker en 67, Nusrat Fateh Ali Khan en concert au Pakistan, Neil Young, Marianne Faithfull, plus d'une demi-douzaine de concerts télévisés de John Coltrane... Dimeadozen.org ne met en circulation que des documents qui n'ont jamais été commercialisés. CD et DVD prêts à graver.

Mais le droit à la culture et à l'information sera bientôt hors la loi dans notre cher pays des libertés surveillées ! On aurait pourtant pu instaurer un système qui permette aux auteurs de toucher leurs droits. On préfère tout interdire et ensevelir ces joyaux qui ont été enregistrés par des téléspectateurs du monde entier. Ici il y a bien les archives de l'INA mais elles sont inabordables financièrement. Il faudra payer, certes, mais l'offre sera encore une fois entre les mains des majors qui verrouillent tout pour en contrôler le monopole. Jusquà ces derniers temps, le téléchargement en Peer to Peer était légal, mais les débats à l'Assemblée Nationale tournent de la manière la plus stupide qui soit, selon la loi, la loi unique, la loi inique, celle du marché. Ses défenseurs n'ont pas de quoi être fiers, ils viennent d'aider à remplacer liberté égalité fraternité par propriété légalité sécurité.

Intelligent article d'Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir, dans Libération du 15 mars, intitulé Qui se soucie du consommateur ? et résultat des courses dans l'édition de ce matin. Honte à ceux qui ont la vue courte et qui ont signé en croyant bien faire ! Relire mes billets des 7 et 21 janvier... Je le signale un peu tard bien qu'y ayant apporté quelque commentaire dès les premières heures, mais le blog du député socialiste Christian Paul est entièrement dédié à la loi sur le DADVSI.

vendredi 17 mars 2006

L'École Nationale du Jeu et des Médias Interactifs Numériques



Passionnante visite à l'ENJMIN à Angoulême où je donnais hier un cours sur la genèse du design sonore dans les projets multimédias.
Bâtiment réhabilité par l'architecte Roland Castro, lumière du Sud, accueil charmant de Stéphane Natkin et Cécile Le Prado, beaux projets d'étudiants très éveillés comme j'avais déjà pu le constater aux Arts et Métiers.

Le Master Jeu et Médias Interactifs Numériques, co-habilité entre le Cnam et les Universités de la Rochelle et de Poitiers, est un cursus universitaire de deux années (bac + 5) dans six colorations différentes :
• Game design (10 étudiants)
• Conception visuelle (10 étudiants)
• Conception sonore (5 étudiants)
• Programmation (10 étudiants)
• Ergonomie (5 étudiants)
• Chef de projet (5 étudiants)
Ce cursus peut être complété par une 3ème année de projet personnel.
Il peut être suivi soit en formation initiale, soit en formation continue.
Son fonctionnement est fondé sur un partenariat entre :
• le Conservatoire National des Arts et Métiers (Cnam),
• les Universités de La Rochelle et de Poitiers,
• le Cnam Poitou-Charentes,
• le Centre national de la bande dessinée et de l’image (CNBDI),
• les industriels des secteurs de l’audiovisuel, des télécommunications et du jeu.

lundi 13 mars 2006

Chœur automobile


Une vidéo d'une rare élégance pour une japonaise, trois autres à l'humour teuton pour VW, et une préfiguration de l'avenir des cookies et des recoupements de fichiers sur Internet...
Serge Adam m'envoie ce matin le lien vers cette pub pour une bagnole japonaise.
La musique contemporaine ne sied plus seulement aux documentaires animaliers !
Pour rester dans l'humour de ce début de semaine, Françoise me fait suivre ce lien qui n'amusera que ceux qui parlent bien anglais, et qui n'est pas sans relation avec le billet d'hier sur le danger de flicage de nos ordinateurs personnels.
Sans oublier, une autre pub automobile, cette fois allemande, et même hyper teutonne, viel Spaß ! Signalée par l'ami Drop sur son blog...

dimanche 12 mars 2006

P2P à l'UMJ

Débat à l'Union des Musiciens de Jazz, dans les anciens Frigos de Tobiac.

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samedi 11 mars 2006

Magado


Direction artistique d'Étienne Mineur, illustrations de Moebius, secondés par Hervé Lalo, musique et design sonore de Jean-Jacques Birgé... Magado est un projet avorté du portail jeunesse de Gallimard et du Seuil réunis ! Il existe quelques traces de ce travail inabouti sur le site de Lalo qui travaillait chez Gyoza en l'an 2000. Les sons n'ont pas été intégrés, les magazines et les jeux déjà réalisés ne sont pas en ligne, mais j'ai été heureux de découvrir ces rares traces d'une histoire trop belle pour être vraie, trop gigantesque pour trouver son modèle économique... Je devais engager une douzaine de créateurs sonores et superviser l'ensemble. Le Seuil fut le premier à se dédire, les licenciements ont suivi, nombreux et douloureux. C'est dommage, le courant passait bien avec Moebius. Étienne et moi sommes repartis pour de nouvelles aventures.

vendredi 10 mars 2006

Nouveau texte pour Les Portes

Trois portes sans serrures.
Pour voir, il faut véritablement jouer avec elles en restant sur le seuil.
Au-delà défilent les images en mouvement :
la chair, corps devenant tâches, flux, musique passagère.
Chœur d'outre-terre, rythmes mécaniques, matière vive
composent l’orchestre à trois voix d’un monde littéraire.
Conte ou fable, on pourrait y découvrir Bosch, dans l’ombre,
en train d’espionner Dante.
Des âmes, ou peut-être des fous, nous transforment en visiteurs actifs, « acteurs ».
On se fait dévorer, on se laisse emporter, réveiller :
de grandes bouches et des yeux qui roulent, des dents qui grincent ;
de petits hommes mystérieux qui drôlement sortent de nulle part ;
et encore des corps nus qui défilent et se touchent, puis l’enfer...

Les Portes, installation de Jean-Jacques Birgé et Nicolas Clauss
Merci à A. pour ce nouveau texte.

P.S.: voir aussi billet du 5 mars.

lundi 6 mars 2006

Antoine Bonfanti parti sans bruit


Antoine s'est tu samedi à Montpellier, 83 ans. Rappel.

Etudiant à l'Idhec, j'avais été impressionné par l'audace d'Antoine Bonfanti lorsqu'il mixait un film. Il fait partie d'un trio de passeurs qui m'ouvrirent au monde du son comme je l'avais été à celui de la musique par Frank Zappa. Les deux autres sont Aimé Agnel, devenu psychanalyste, et le compositeur Michel Fano. Aimé développait la perception auditive, Fano inventa le concept de partition sonore. Avec Antoine, c'est la pratique vivante du métier qui me fascina. Lorsque nous lui apportâmes La nuit du Phoque à mixer, il demanda d'emblée si nous souhaitions le regarder une fois avant ou nous lancer directement ! Pas si étonnant venu du mixeur de Godard, Marker, Resnais... Évidemment, nous nous sommes jetés dans l'aventure comme si tout commençait là ! Et Antoine m'apprit à mixer avec les dix doigts d'une part, et d'autre part à ne pas avoir peur des mouvements brusques et radicaux. La frilosité des mixeurs m'a ensuite toujours agacé. Je trouvai en lui la validation de mes propres expériences, le goût du risque, la fascination de l'accident opportun, le swing du mix.
Antoine mixa alors presque tous mes films. Ces conseils pour la prise de son furent aussi précieux, et j'adhérai à ces choix, Nagra (le magnéto portable utilisé pendant des décennies au cinéma) et Beyer M160, un micro directionnel qui obligeait à faire des choix ! Le son est peu de choses qu'il faut savoir, mais entendre, écouter est une autre paire... de manches.

Merci à Dominique Greussay pour la photo qu'elle prit lors d'une fête à Iskra.

dimanche 5 mars 2006

Oh ! comme orteil

Zut ! J'ai encore shooté dans mon petit orteil. Voir Blog du 21 août 2005. Un autre dimanche ! Désormais je me méfierai des dimanches.

Les Portes


Bande-annonce : Les Portes
L'installation d'art vidéo interactif, coréalisée avec Nicolas Clauss, sera présentée à l'Espace Paul Ricard, 9 rue Royale à Paris (Métro Concorde ou Madeleine) du 8 au 21 avril 2006 dans le cadre du Festival NEMO.

Au milieu d’une grande salle obscure, trois portes s’ouvrent sur des écrans de la taille du cadre. Chaque joueur fait pivoter sa porte pour découvrir ou surprendre les scènes où font face une vingtaine d’acteurs. La nudité des âmes, plus présente que celle des corps, les renvoie, comme tous les autres spectateurs déambulant au milieu de l’installation, à leurs propres émotions. Cette mise en espace, en musique et en actions, est avant tout une œuvre sensuelle qui confronte chacun et chacune à soi-même et aux autres, dans son intimité et sa curiosité.
Le secret derrière la porte vient d'un miroir qu'on est nombreux à regarder. La première porte s'ouvre sur une comédie, la seconde sur des ogres, la troisième sur la peau. Après s'être invité, le visiteur peut avoir la surprise de se reconnaître. Pourtant seul face à l'image, il doit composer pour s'intégrer à l'orchestre qui envahit l'espace. Une porte n'est pas seulement ouverte ou fermée, on peut jouer avec.

LES PORTES

Nicolas Clauss conception artistique, scénario, caméra, programmation
Jean-Jacques Birgé musique, scénario, caméra, direction de production

avec Pascale Labbé et Baco (voix), Didier Silhol, Amal Bou Achem, Stéphane Amar, Denis Andrey, Jean-Jacques Birgé, Sara Boisson, Nathalie Caclard, Émilie Chéron, Nicolas Clauss, Karine Delhomeau, Guy Dreux, Olivier Falkowski, Pascal Falkowski, David Fenech, Bertrand Guyon, Jean-Luc Lamarque, Frédéric Lebas, Olivier Poma, Sophie-Laure Raphaël, Charlotte Ricordeau, Françoise Romand, Donghee Tan, Jennifer Tan... Et la participation d’Antoine Schmitt (programmation additionnelle), Matthieu Moreau (constructeur décors) à Mille Plateaux, Interface Z (capteurs)

Coproduction A.P.R.E. / ARCADI - Région Ile de France, avec le concours du Ministère de la Culture et de la Communication (Dicréam) et le soutien de la Société civile des auteurs multimedia (SCAM, bourses d'aide à l'art numérique), de la SACEM et du Cube à Issy-les-Moulineaux
© A.P.R.E. 2005

Voir aussi billet du 10 mars

samedi 4 mars 2006

Moondog, hommage de TraceLabel au Point Éphémère

Ce soir à 21h. J'en suis (image et musique) !
Point Éphémère, 200 Quai de Valmy, 75010 Paris - Organisé par Trace Label.

vendredi 3 mars 2006

Des vidéos par millions

You Tube.
Taper un nom, un mot... pour voir !
Les internautes y mettent leurs vidéos en ligne à raison de 20 000 par jour, et 15 millions sont regardées quotidiennement. Comment tout cela va-t-il évoluer ? Dissolution ou focalisation ? Question de classement et de modes de recherche peut-être. Toutes les encyclopédies se complètent... On comprendra pourquoi le combat pour les droits d'auteur est plus crucial que jamais, mais il s'agit de saisir les mutations que nous sommes en train de vivre. Aucune raison de s'affoler comme le font les majors et ceux qu'elles entraînent à leur suite. Garder ses acquis est une chose, rater le coche de l'avenir en est une autre. Les exploiteurs tiennent à leurs prérogatives et à leurs profits juteux, certes, mais aucune économie ne peut fonctionner sans le soutien des consommateurs. Plutôt qu'un repli frileux et régressif, négation des pratiques de son époque, il serait plus judicieux d'envisager l'avenir en s'y engouffrant corps et âme, en l'infléchissant dans le sens d'une plus juste répartition des richesses engendrées.

P.S. : six mois après ce billet, ce sont 100 millions de vidéos qui sont regardées chaque jour !

jeudi 2 mars 2006

Le texte du sniper


C'est la version française du texte écrit en bosniaque par Ademir Kenovic que j'ai traduit de l'anglais.

''Le sniper'' faisait partie de la série Chaque jour pour Sarajevo (Sarajevo, a street under siege) tournée par neuf réalisateurs de Point du Jour, coproduite avec SAGA, sur une idée de Patrice Barrat, producteur et l'un des réalisateurs. J'ai réalisé une douzaine de ces petits court-métrages parmi les 110 tournés, chacun de 2 minutes.
En 1994, la série a reçu le British Academy Award of Film & TV Arts (BAAFTA) et le Prix du Jury du Festival de Locarno.
La qualité exceptionnelle de l'ensemble des films mériterait qu'on en édite l'intégralité en DVD.

Le sniper était l'un de ces 110 films. Il a été choisi par les Bosniaques à la demande de la SRF, de l'ACID et de la SACD, pour qu'on parle de leur impossible situation. Le film, remonté pour le grand écran, est passé dans plus de 1000 salles en France, et sur presque toutes les chaînes de télévision (TF1, France 2, France 3, Canal+, M6, Euronews, Première, Ciné-Cinémas...). Seuls MK2 (distributeur de Bosna! de BHL) et Arte (où siège ce type surnommé par les bosniaques DHS pour Deux Heures à Sarajevo) ont refusé de passer Le sniper qui appelait à envoyer des dons pour reconstruire la Cinémathèque de Bosnie-Herzégovine.

LE SNIPER
Je décide toujours avec soin comment, quand et où passer :
près des bâtiments ou au milieu de la rue...?
Je zigzague...? je traverse vite...? ou lentement...?
Je fais en sorte qu'on me voit le moins possible des collines qui sont beaucoup trop proches de nous et que personne n'aime plus regarder...
Parfois en marchant j'essaie d'imaginer ce que c'est que d'être touché par un sniper...
Est-ce qu'on peut sentir la balle vous transpercer le corps...?
Est-ce que ça fait mal... ou chaud...?
Je me demande si je tomberai...
si j'entendrai le sifflement de la balle... avant qu'elle me touche... ou après...?
Quel bruit font les os en craquant...?
Le cycliste qui s'est fait décapité par une mitrailleuse antiaérienne,
a-t-il été conscient de quoi que ce soit...?
Je continue de croire que je serai "juste" blessé...
je ne pense jamais que je serai tué.
Je me demande si j'aurai le temps de voir voler une partie de mon corps devant moi après avoir été touché...?
Est-ce que ça produit une odeur... un goût...?
A quoi pense l'homme qui se cache la tête derrière son journal en traversant là où tirent les snipers...?
Je pense : ai-je peur ou suis-je seulement curieux
parce que je déteste ignorer les choses qui me concernent...?
Et puis je me demande pourquoi certains marchent sans rien comprendre, l'air hagard...
pourquoi certains en protègent d'autres...
et pourquoi d'autres encore courent machinalement...?
D'autres enfin essaient de vaincre leur peur en marmonnant des explications stupides...
Parfois je pense à ceux qui tirent : comment choisissent-ils leurs victimes,
homme ou chien, femme ou enfant, quelqu'un de jeune ou de célèbre,
ou peut-être que c'est par la couleur de leurs vêtements...?
Est-ce que le tireur est heureux quand il fait mouche ?
Je pense souvent au mépris profond des habitants de Sarajevo
pour ceux qui disent qu'ils ne savent pas qui et d'où on tire
et pour tous ceux qui font semblant de les croire.
Ils regardent simplement les futurs fascistes, autour d'eux, qui tirent sur leurs enfants...

P.S.: voir aussi billets du 8 novembre 2005 et du 1er mars 2006.

mercredi 1 mars 2006

Le sniper


Le sniper, que j'ai tourné le 17 décembre 1993 pendant le siège de Sarajevo, est enfin en ligne.
Quelques mots écrits alors, à mon retour...

On m'a appelé un lundi midi pour partir à Sarajevo le surlendemain matin. Je devais réaliser un programme quotidien de deux minutes intitulé Sarajevo : a street under siege diffusé dans le monde entier. Depuis, l'émission passe également chaque soir sur ARTE sous le titre Chaque jour pour Sarajevo, mais aucun de mes films n'a été vu en France. J'étais le troisième d'une longue série de réalisateurs à partir filmer la vie de cette rue, une idée formidable de Patrice Barrat.
J'ai d'abord répondu que je ne voulais pas y aller parce que j'avais peur. Mais que serait-il resté de mes idées ? En fait j'ai eu peur avant. Après, c'est trop tard, on n'a plus peur, on est simplement tendu en permanence. Ça tirait jour et nuit. Les obus tombaient n'importe où. Jusqu'à mille en période de pointe. Les snipers tiraient sur tout ce qui bouge, ou sur tout ce qui ne bouge plus.
Je ne suis ni journaliste ni correspondant de guerre. Je prends les événements en pleine figure. Ça ne glisse pas sur ma peau, ça l'imprègne et il arriva un moment où la production m'accusa d'être devenu sarajévien, de ne plus être capable de faire jouer le décalage entre Paris et la capitale bosniaque. Évidemment, je suis un homme de fiction, un rêveur, et la vie là-bas nous pousse à la folie. Pas d'eau, pas d'électricité, pas grand chose à manger, mais une extraordinaire chaleur humaine, avec l'imagination et l'intelligence comme mode de résistance.
Sarajevo trouble tous ceux qui y sont allés et y ont séjourné. Pas une heure ne passe sans que nous ne pensions à ceux et celles qui vivent là-bas. Le retour est pénible. Nous n'avons pas encore trouvé ce nouvel équilibre auquel nous aspirons mais qui doit composer avec ce que nous étions, avec ce que vous êtes, avec ce que nous redeviendrons peut-être.
Là-bas ressemble tant à ici. Pourtant on n'y respire pas l'air à pleins poumons, parce que le ciel est de plomb, il tue. Ici je peux me promener sous le ciel diurne ou nocturne, mais j'ai du mal à supporter les mille et une petites mesquineries que le confort engendre. Jour après jour je me réadapte, à redevenir un monstre après avoir été un fou.
Le sniper est le dernier film que j'ai tourné là-bas. J'étais en colère contre les remarques trop journalistiques que me renvoyait la production depuis Paris, et surtout depuis Londres. Je ne pensais pas qu'ils avaient tort, je cherchais simplement des manières différentes de rendre compte de la vie de cette rue, qui était maintenant devenue notre rue. J'ai eu envie de montrer qu'une fiction pouvait être aussi réelle, aussi efficace qu'un documentaire. Je n'ai d'ailleurs jamais cru qu'il y ait une frontière entre ces deux-là. Le sniper a été tourné comme n'importe quel autre film de la série, tous les éléments qui la composent sont bien réels.
Des gens marchent sur la chaussée. Il n'y a plus de voitures, il n'y a plus d'essence. L'équipe qui les filme est, à part moi, entièrement bosniaque. Miki fut le cadreur de tous les films de Kusturica, Menso est le meilleur directeur de production de Sarajevo, Lejla a vingt-deux ans, elle travaille depuis trois mois, c'est une journaliste hors-pair, Nuno est le monteur, lui et Ademir Kenovic dirigent SAGA, coproductrice du film avec Point du Jour.
Ademir, je me souviens, tu as essayé de me calmer en m'expliquant qu'à Paris ils avaient des problèmes psychologiques alors qu'ici les nôtres étaient existentiels, nous ne pouvions pas nous comprendre. Un soir où nous filions dans le noir à cent trente à l'heure, tous feux éteints, sur Sniper Allée vers l'immeuble de la télévision d'où nous devions envoyer par satellite le tournage de la journée, tu m'as raconté ce à quoi tu pensais tandis que moi je rentrais le ventre pour être aussi mince qu'une feuille de papier. Ce sont ces réflexions que je t'ai demandé d'écrire pour la voix off du film. Menso a emprunté la lunette d'un fusil aux soldats de la FORPRONU et Miki l'a installée devant une petite caméra V8. Je n'étais pas tranquille, j'avais peur que les vrais snipers qui sont sur les collines nous tirent dans le dos ou que la police qui est en bas nous prenne pour de vrais tchetniks. Fudo, l'ingénieur du son, racontait des histoires drôles, évidemment lugubres, pour détendre l'atmosphère. Aujourd'hui le film leur fait le même effet qu'à vous.

Voir aussi billets du 8 novembre 2005 et 2 mars 2006.