70 Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mercredi 18 avril 2007

Hécatombe


La violence américaine fait partie de ses racines. Le génocide indien sera-t-il jamais reconnu ? Les armes à feu jouent un rôle considérable dans sa constitution. Le deuxième amendement. La ruée vers l'or. Le mythe passe du western (l'ouest) au film de gangsters (le nord, l'est). Et du film de guerre on part à la guerre. Hiroshima, Nagasaki. L'esclavage est encore tout proche (pas seulement au sud). C'est pousser loin l'exploitation. Struggle for life. MacCarthy. Pourquoi nous combattons. On imagine des coups fumants, des plans rocambolesques, des gangsters qui mettent le pays en coupe réglée, la mafia, on imagine moins bien que des bandits aient pu réellement prendre possession de la première puissance mondiale. Assassinats. Gamins exécutés. Exportation de la violence. Impérialisme. Les cow-boys du Texas protègent leurs puits de pétrole. À Tribeca, on rejoue L'incendie du Reichstag. Une mécanique militaire, plusieurs années de préparation, le complot. Celui du 11 septembre 2001 peut être irrecevable pour quiconque pense à tous et à chacun. Cela défie la morale. Mais que fait Jack Bauer ? L'organisation. À qui profite le crime ? Le blanchiment de l'argent de la drogue, la vente d'armes, l'industrie pharmaceutique, les délocalisations, les paradis fiscaux, les pavillons de complaisance, les accords secrets, mais non, tout cela n'existe pas, ce ne sont que scénarios invraisemblables ! Qu'est-ce qui ne s'est déjà joué dans l'Histoire qui ne se rejoue encore ? Coups fourrés, promesses, mensonges, trahisons, provocations. Qu'en est-il de l'exploitation de l'homme par l'homme ? Toutes les autres espèces parquées, décimées ? À quoi servent les coutumes ? Qui veut partager leur sort ? D'où vient toute cette violence ? Pour quoi faire ? Virginia Tech. Aucun massacre n'est croyable.

Enchaînements


Aujourd'hui je ne suis pas là. C'est bon de sortir un peu après des journées enfermé dans le studio à enregistrer Bettina, Adriana, Hillary, Magali, les nouvelles voix du lapin Nabaztag, pour l'Allemagne, l'Italie, l'Amérique du Nord et l'Espagne. Leur faire jouer la comédie, trouver le ton de la complicité est un moment plutôt sympa que je partage avec Maÿlis qui a écrit les textes et prête sa voix à la version française. Traiter ces milliers de fichiers est beaucoup moins rigolo. Vérifier le choix des prises noté sur le rapport son, découper les fichiers, nettoyer le début et la fin de chaque son, expulser les pétouilles, remonter le niveau de telle ou telle syllabe, homogénéiser l'ensemble, faire un petit effet ici ou là, la répétition des tâches est fatiguante. J'ai mal au poignet à force de faire marcher la souris comme si j'étais aux pièces, mon épaule se coince et mon dos se réveille. Le Di-Antalvic est magique, mais il est temps d'aller voir ailleurs si j'y suis.
Je suis à l'École des Gobelins pour la journée où je fais mon numéro de designer sonore. Commencer par mon autoportrait pour clarifier la démarche, le pourquoi et le comment on en est arrivé là. La multiplicité des approches : "J'ai tant de casquettes qu'on dirait un chapeau". Montrer l'exemple, rentrer dans les détails, anecdotes significatives, lever les tabous. Donner ensuite quelques pistes comment utiliser le son avec des images : complémentarité, hors champ, classification, voix, bruits, musique, droits d'auteur, rapports avec l'équipe ou dans l'entreprise, avec les clients et les collaborateurs, emploi du temps, réflexion, action, technique négligeable, sensibilité indispensable, solidarité et persévérance... Et l'interactivité, évidemment. Ma parole, je révise. À l'heure de la pause, je n'ai encore rien montré. Défileront ensuite Alphabet (commencer avec ça, c'est du nanan) et LeCielEstBleu, Somnambules et Flyingpuppet, Les Portes et Nabaz'mob... Je parle de tout le reste (Carton, Machiavel et tous les autres CD-Roms, les expos, etc.), mais je n'ai pas le temps de le montrer. L'après-midi, je préférerais voir ce qu'ils ont fait, prendre leurs travaux comme prétextes à continuer, chaque projet réclame une façon particulière de penser, il n'y jamais qu'une seule solution, la sienne...
Le soir, je reprends le métro. Ça me change de la bicyclette. Je plonge dans le social. L'ours sort de sa tanière, les yeux grands ouverts, les oreilles à l'affût. J'avale le monde dans un état semi-comateux. Transmettre est crevant, il faut une vigilance de chaque instant, saisir un regard, espérer une question qui me déstabilise et m'oblige à trouver un nouvel équilibre. La foule devient un océan où je flotte. Demain, je m'enferme à nouveau dans le studio, mais j'ai la visite d'Étienne Brunet pour préparer le concert du 3 mai au Triton. Éric Échampard est déjà passé lundi. C'est agréable de travailler avec des musiciens aussi charmants. Il restera à retrouver Nicolas qui est en résidence à La Friche Belle de Mai pour son nouveau projet...