On pouvait tout voir, rien n'entendre. Tant mieux. Les audioguides empêchent l'évasion. Impossible de s'approprier le tableau de Kiefer avec un casque sur les oreilles. La photographie permet de retrouver une intimité avec l'œuvre. Les visites se font en plusieurs étapes. D'abord au pas de course, dans le catalogue, en revoyant les photos s'il est autorisé d'en prendre (il m'est arrivé d'en voler en comptant le nombre de secondes d'inattention d'un gardien), en revenant pour l'une des œuvres qui le mérite à nos yeux, une seule, le luxe, pour y pénétrer ; enfin en parler, écrire ou y penser. Alain me dit que Kiefer vit dans le sud de la France où il détruit progressivement et avec art sa demeure-atelier, 35 hectares, comme le château qu'il a transformé en Allemagne. Le gisant représenterait-il un autoportrait de l'artiste livré en pâture au public ?