Lorsque Dominique Soto, présidente de SOS Racisme (une émanation de Parti Socialiste auquel d'ailleurs il appartient), défend Rachida Dati, ministre de la Justice (on dit aussi Garde des Sceaux), en affirmant qu'elle est attaquée "parce qu'elle est jeune, femme, et d'origine maghrébine", elle l'affuble de toutes sortes d'insignes dangereusement apolitiques.
Il me semble qu'en critiquant les projets politiques répressifs et réactionnaires de Rachida Dati, le discours est fondamentalement moins ségrégationniste que celui de ceux ou celles qui montent en épingle ses appartenances communautaires. En d'autres termes, le racisme ou le machisme vont parfois se nicher, certainement involontairement, dans des discours qui prétendent les attaquer.
Si le racisme est la haine d'une part de soi-même, si le machisme cache une fragilité fondamentale, si la haine des jeunes exprime un regret de ne plus l'être, si celle des homos souligne un refoulement de ses propres pulsions, alors on peut émettre un doute sur les idéaux de ceux qui réduisent les actes et les paroles des personnalités politiques à leur apparence ou appartenance communautaire, à leur vie privée ou à leurs racines.
Rachida Dati ne peut être jugée que pour ses propos, ses projets et ses actes, tous éminemment politiques. Hélas !

Illustration : Jean Bruller, dit Vercors