Les rééditions pullulent à des prix cassés et enrichis de nombreux morceaux inédits. Je viens ainsi de recevoir Joy of A Toy de Kevin Ayers paru initialement en 1969 et the Mirror Man sessions de Captain Beefheart sorti deux ans plus tôt, dans des registres évidemment très différents.
Joy of A Toy est le premier album de Kevin Ayers après son départ de Soft Machine. Robert Wyatt est d'ailleurs à la batterie et les deux autres compagnons, Hugh Hopper et Mike Ratledge, sont de la partie, et non des moindres. Le compositeur contemporain David Bedford a réalisé les arrangements et joue du piano. Les bonus accueillent Soon soon soon avec The Ladybirds, deux versions de The Lady Rachel, trois de Religious Experience (Singing A song in the Morning), dont une avec le guitariste-fondateur de Pink Floyd, le regretté Syd Barrett... Quelques mois plus tard, je me retrouvais à la Roundhouse de Londres aux manettes du light-show de Krishna Lights éclaboussant d'effets cinétiques l'orchestre d'Ayers. Y participaient Lol Coxhill qui tiendra plus tard le sax soprano sur la musique que nous composâmes pour le CD-Rom Au cirque avec Seurat, le guitariste Mike Oldfield auteur de la scie Tubular Bells et Bedford. Je n'arrive pas à me souvenir qui étaient les autres. La voix chaude et tendre du bassiste me fait retomber en enfance.
Celle de Beefheart me réveille heureusement. the Mirror Man sessions ont été remasterisés et augmentées de cinq prises originales de Trust Us, Safe as Milk, Beatle Bones N' Smokin' Stones, Moody Liz et Gimme Dat Harp Boy. Il n'est pas toujours facile de savoir qui joue tant les musiciens du Magic Band ont de pseudonymes. En faisant des recoupements, je comprends que le guitariste Jeff Cotton est Antennae Jimmy Simmons, John French est Drumbo (Drumbo 1, car Art Tripp sera Drumbo 2). Les autres sont Alex St Clair Snouffer à la guitare et Jerry Handley à la basse. La pochette originale avait un rabat, forme découpée en miroir brisé qui s'ouvrait sur une photo du groupe. À l'époque, nous nous réunissions dans ma chambre pour écouter de la musique et fumer des joints ; lorsque personne ne savait quoi mettre, j'avais l'habitude de proposer insidieusement "un petit Beefheart ?". Un des copains avait illico l'idée d'un autre disque ! Je me barbouillais de Beefheart plus souvent seul qu'en communauté...