J'ai du mal à comprendre ce qui se passe. Le tombeur qui nous tient lieu de président massacre tous les acquis de décennies de lutte et les citoyens ne se passionnent que pour ses histoires d'alcôve. Aurais-je manqué un épisode ?
1. Le cul.
Contrairement au puritanisme américain qui fit chuter Clinton pour une affaire de cigare bizarrement placé, le machisme des Français a toujours profité à ses politiciens. Ainsi Giscard avait redoré son blason d'emprunt après un accident d'Alfa, empruntée à Roger Vadim si je me souviens bien, à 5 heures du matin contre un camion de lait, avec à son bord Marlène Jobert ; le peuple s'était dit que cette tête n'était pas si nœud si le Roméo avait réussi à emballer la coquine. Idem avec la double vie de Mitterrand qui en a épaté plus d'un(e). Et auriez-vous oublié les parties pompidoliennes ? Inversement, les affaires de corruption passent mieux aux USA que de ce côté de l'Atlantique. À chacun ses tabous ! Mais qu'est-ce qu'on se fiche de savoir si une riche héritière ex-mannequin reconvertie dans la variète a succombé au charme de l'éjaculateur précoce de la chose publique ? Peut-il être sur tous les fronts, faire la une de tous les quotidiens et avoir le temps de batifoler ? Encore une fois on s'en fout, sauf que tous les matins en première page de Libé je me retrouve face à son image ou à son nom. Cela finit par être lassant et il est probable que, malgré le plaisir éprouvé à récupérer aux aurores le journal dans ma boîte, un canard boîteux déjà vendu à Rotschild, camarade du président, je finirai par me désabonner.
2. Le massacre.
Pendant ce temps, la droite se prépare une année saignante. Le responsable du Ministère de la Culture nous annonce une réduction de 50 à 100% des aides à l'action culturelle, des réductions de 6 à 20% pour le reste. Ça, c'est du sûr. D'autres parmi ses collaborateurs murmurent la suppression de la Direction de la Musique et de la Danse pour avril, et certains, encore plus optimistes, espèrent que le Ministère lui-même aura sauté bien avant ! Les étudiants se font remettre en short, les postes de juges, de profs, etc. sont supprimés ou pas remplacés. Je ne vais pas accentuer la dépression en continuant à énumérer une liste qui touche tous les secteurs, mais l'addition ressemble à un véritable jeu de massacre.
3. Sarkozy, qui aurait certainement aimé jouer dans des films de cow-boys comme Reagan ou faire de la gonflette pour ressembler au gouverneur de Californie Schwartzy, cherche par tous les moyens à nous étourdir en pipolisant le monde politique en une sorte de show glamour où plus rien ne compte d'autre que l'esbrouffe et le décervelage. Merdre de merdre, Père Ubu, relancez donc les jeux du cirque, transformez les SDF en gladiateurs, multipliez les loteries, faites briller les paillettes, sans oublier les grands travaux (c'est pour quand ?), que l'on oublie que jamais l'exploitation de l'homme par l'homme ne fut si flagrante et le Capital si cynique. On n'a encore rien vu, précarité et pauvreté peuvent s'étendre sur l'hexagone, le froid a insensibilisé les prolétaires, la solidarité est devenue une ringardise, on va morfler et en redemander. Dans les quartiers, des jeunes s'organisent et recommencent à rêver aux lueurs des torches, mais ça c'est une autre histoire...