Les alertes que Google m'envoie par mail ont le mérite de m'informer de ma présence sur le Net sans que j'en sois la plupart du temps prévenu par ailleurs.
Ainsi, hier matin, je tombe par hasard sur une conférence que j'ai donnée à l'occasion des petits déjeuners professionnels organisés par Charlet Denner au Master MMI de la Sorbonne, c'est  ! C'est joliment mis en forme avec une section "Jeux", des photographies et des extraits filmés de ma conférence, organisés thématiquement. Le cadre visuel et sonore est emprunté à La Pâte à Son. Cela fait toujours bizarre de se voir raconter sa vie, pas comme ici, sur le blog, d'une certaine manière "romancée" parce qu'on peut revenir sur les mots, composer, mais là-bas, saisi sur le vif, improvisant, avec le ton de la voix et les muscles du visage qui suggèrent toutes mes fragilités, les sous-entendus, les non-dits... Si j'ai toujours aimé donné des conseils, je pense que c'est d'abord à moi qu'ils s'adressent, je suis le premier élève de mes élucubrations... Est-ce à dire que je m'écoute parler ? C'est certainement un billet bio, un système graphique pour ne pas oublier, une écologie intime... Prenez-le comme un index, voilà tout. Se sont également succédés au Master Eric Viennot (Lexis Numérique), Sylvain Gire (Arte Radio), Bernard Brechet (Gédéon), aussi soigneusement présentés et instructifs...


Je découvre aussi une petite boucle sonore que j'avais réalisée pour Numer et qui accompagne toute la navigation du site d'Hyptique. Je me souviens que je l'avais pensée dynamiquement pour qu'elle se renouvelle sans cesse, évitant ainsi l'effet angoissant de la répétition pure et simple. Je reconnais les voix chuchotées d'Elsa, Louise, Olivier et Dominique... Tous les travaux auxquels j'ai participé depuis le CD-Rom Au cirque avec Seurat (1996) jusqu'à l'Histoire de l'Immigration en France et au Musée des Beaux-Arts d'Angers (2006) sont illustrées de plans fixes et accompagnés d'un court résumé intitulé "Enjeux". Dommage que les génériques soient absents. Ils auraient pu réfléchir l'incroyable pépinière de talents passés par Hyptique. Pendant dix ans, j'ai eu beaucoup de plaisir à œuvrer avec les équipes qui se sont succédées sous la houlette de Pierre Lavoie. 1997 est l'année du site du Drame et de mon premier CD-Rom d'auteur, Carton, avec Etienne Mineur comme directeur artistique et Antoine Schmitt à la programmation. En me proposant de prendre en charge la partie interactive de notre disque de chansons, Pierre n'imaginait pas l'impact que le disque allait avoir dans le monde du multimédia. 1998 marque les premiers Cahiers Passeport avec en prime l'Atelier de Noël, et la série Fenêtre sur l'Art. Ça continue l'année suivante, avec en plus Du côté des filles. 2000 est l'année du Grand Jeu qui aura été une sacrée partie de rigolade, surtout lorsqu'on repense à la bombe à retardement idéologique que recèlent les 100 000 exemplaires vendus ! Pascale Labbé, Jean Rochard, Bernard Vitet, Valéry Faidherbe, Pierre Wendling et moi-même y actons sous des pseudonymes. En 2001, je travaille avec Sonia Cruchon sur Monsieur Heureux et le monde à l'envers qui sera suivi par toute la série des Bonhommes et les Dames (Mr Men) (j'aime beaucoup la chanson du générique dont la version anglaise utilise le contrechant de la version française) ainsi que les Atout P'Ptit Clic. L'exposition L'argent en 2003, le Muséum National d'Histoire Naturelle, le Musée de Rodez, les derniers Passeport en 2004, le dvd-rom de Salto et Zélia en 2005 seront les dernières manifestations de cette collaboration fructueuse où j'aurai composé tant de musiques et d'interfaces sonores.
Les restrictions budgétaires ne permettent plus le travail de recherche, les rêves d'invention ont été abandonnés au profit d'enjeux strictement technologiques. L'art était déjà rare et difficile, c'est la culture qui se dilue à son tour. Aujourd'hui, les musées, comme les entreprises, veulent seulement être présents sur Internet, la qualité passe après, d'autres supports ont pris le relais, ou pas. J'en sais quelque chose, réduit ce matin aux signalements de mes activités extraweb, mais bien loin des créations interactives qui fleurissaient alors sur la Toile, tant dans les commandes qu'avec nos propres modules. Il reste peu de traces visibles de tous les CD-Roms fantastiques qui furent publiés pendant cette période, seul Internet laisse apercevoir la surface émergée de l'iceberg. Or la calotte glacière a fondu, entraînant dans l'oubli tout un pan de culture. On scrutera l'horizon dans l'espoir que ces œuvres viennent s'échouer un de ces jours sur nos plages... Allez savoir ! Il y a tant de contenu gravé sur ces disques de plastique qu'il suffirait de peu de chose pour les adapter aux nouveaux supports. Imaginons Alphabet sur la Wii, Carton et MrMen online !