Ayant choisi de ne pas me représenter, j'ai participé hier à mon dernier Conseil d'Administration des Allumés du Jazz. Après dix ans d'implication solidaire et de militantisme volontariste, j'arrête mes activités au sein de l'association de producteurs discographiques indépendants. Cela correspondait à plus de soixante jours par an. Après avoir participé à l'élaboration du gros catalogue de 434 pages en 1998, j'ai tenu jusqu'à ce jour le rôle de co-rédacteur en chef du Journal avec Jean Rochard, soit 21 numéros dont le dernier a été tiré à 18000 exemplaires, tous distribués. J'ai également réalisé le double album des Actualités, supervisé les différentes versions du site Internet et initié le Blog et la WebRadio. Je ne regrette rien, mais il est temps pour moi de passer à autre chose. D'autant que je ne me suis jamais senti l'âme d'un producteur, gardant ma spécificité de créateur à renouveler sans relâche mes utopies. Je ne souhaitais pas non plus être vu dans certains milieux, certes aussi excentrés que le jazz, comme l'homme des Allumés, ce qui finissait par occulter mon travail de compositeur. Au travers de prochains billets, parfois même involontairement, je reviendrai sur ce qui m'a enthousiasmé et sur ce qui m'a fait prendre des distances avec un secteur de la musique qui ne brille pas par sa solidarité, mais cela se passe-t-il autrement ailleurs ? J'en doute. La situation économique et sociale actuelle exige des compromis et des négociations avec lesquels mon caractère et mes choix politiques sont incompatibles, même si je suis certain que seul un rapprochement des différents acteurs de la scène jazz et assimilés sauvera, du moins momentanément, un secteur en crise. D'autre part, je ne crois pas que l'association ait les moyens économiques et les compétences de ses ambitions en matière de distribution. Le label GRRR reste évidemment partie prenante aux Allumés et je reste quant à moi disponible pour aider de différentes manières mes camarades dont la tâche est bien lourde. Mes sornettes d'alarme n'ayant pas été entendues ces trois dernières années, je cherche désormais à arpenter des chemins où le soleil brille la nuit, où la jeunesse est une qualité, où la musique s'affranchit des pressions de toutes sortes et particulièrement de l'air du temps. J'ouvre grand les fenêtres, je ventile, respire un bon coup, et je pense avec tendresse à Valérie, Cécile, Françoise, Christelle, Pascale, Jean, Jean-Pierre, Didier, Pablo, Étienne, Stéphane et tous les autres aux côtés de qui je me suis battu toutes ces années... La fête continue.