Nous n'étions que deux dans la salle n°2 du Lumière à la séance du soir. Valse avec Bachir fait la une du programme de la salle d'art et essai, mais le public préfère aller voir Le monde de Narnia 2 ou Seuls Two. À côté de ces deux niaiseries, il y a aussi le film d'épouvante de Romero, Diary of the Dead, mais pas à cette heure-là. Le film de Ari Folman est à rapprocher du Tombeau des lucioles, l'animation produisant une distance avec l'évocation troublée de la mémoire et de l'oubli. Le réalisateur aborde le massacre de Sabra et Chatila sous l'angle du refoulement. Les images d'ombre et de Lumière enrobent le cauchemar. Cet incontournable documentaire d'animation n'a hélas rien ni de la fiction ni du rêve. On prend cette enquête en pleine figure, parce qu'elle chatouille nos propres traumas. J'ai vu Beyrouth dévasté, les immeubles grêlés de millions d'impacts, j'ai vu la mer imperturbable, le soleil et la nuit. Valse avec Bachir me fait découvrir ce que je pouvais deviner, le contre-champ.