En voyant le documentaire de Rosanna Arquette, À la recherche de Debra Winger (Ed. des Femmes / Ed. Montparnasse), je me suis demandé pourquoi toutes les actrices qu'elle interroge évitent le sujet en soulignant essentiellement qu'il n'y a pas de rôle à Hollywood pour les femmes qui atteignent la quarantaine, qu'être à la fois mère et comédienne est presque incompatible dans les règles que le métier a fixées. Le seul homme interviewé est un producteur qui révèle la cible du cinéma américain, les moins de 25 ans pour qui les femmes "mûres" ne sont évidemment pas leur truc. Heureusement que tous les scénarios n'obéissent pas à cette loi. Ce qui n'est pas dit, c'est que la motivation principale des réalisateurs à faire des films est de coucher avec des actrices, et accessoirement d'en tomber amoureux. La chair fraîche des jeunes femmes leur renvoie une image plus flatteuse que leurs bedaines ou leurs rides. Ensuite la défaillance des mâles à imaginer des histoires qui mettent en scène des femmes "âgées" est en effet stupéfiante. L'une des nombreuses stars (Melanie Griffith, Salma Hayek, Jane Fonda, Meg Ryan, Sharon Stone, Tracey Ullman, Robin Wright Penn, Holly Hunter, Frances McDormand, Emmanuelle Béart, Charlotte Rampling, Chiara Mastroianni, Debra Winger...) qui peuplent ce film très people souligne que les actrices spécialisées dans les rôles de composition s'en sortent généralement mieux avec le temps que les bimbos dont la plastique est le nerf de la guerre. Whoopi Goldberg est une des rares à ne pas tricher parce qu'elle s'est fixée une fois pour toutes le but de rentrer dans le lard du "politiquement correct" et qu'elle parle comme tout le monde le langage de la rue. On aurait aimé que l'engagement politique de Vanessa Redgrave soit creusé, car il n'y a pas que les années qui marquent une personne et l'éloignent des studios.
De même, le choix draconien entre nombreuses professions et une vie de famille équilibrée ne touche pas seulement les stars féminines d'Hollywood. La passion de son métier entraîne souvent des sacrifices, dans un sens ou dans l'autre, et pas uniquement dans le monde glamour du spectacle. Il existe aussi des hommes qui, pour voir grandir leurs enfants, choisissent de faire évoluer leurs activités vers une vie plus sédentaire. Si les scénarios de film offrent peu de beaux rôles aux actrices "mûres", le monde du spectacle, comme le reste de la société, obéit toujours aux lois du machisme, trop souvent entretenu tant par les femmes que par les hommes. Certaines actrices décideront heureusement de passer derrière la caméra (voir le très beau film d'Helen Hunt, Then She Found Me, dont la sortie française a été bizarrement ajournée), et l'on peut espérer que le cinéma change de visage, sans que cela ressemble à un simple lifting ou à un effet de "transexualité scénaristique".