Jusqu'à cinq ans j'habitais rue Vivienne, près des Grands Boulevards et du Musée Grévin. Comme on entre dans le royaume de l'imaginaire, les évocations des figures de cire pulvérisent les leçons d'histoire et font naître des souvenirs inédits. Dès l'entrée les miroirs déformants nous entraînent vers la porte dérobée de l'enfance, nous réattribuant notre taille réelle pour pouvoir poursuivre quelque lapin à chapeau haut de forme et montre gousset. La cohorte des clones nous amuse et nous renvoie à des images découpées dans les magazines que l'on avait enfouies tout au fond des tiroirs, à côté du sac de billes et de vieilles photos de classe. Il paraîtrait que le Palais des mirages a été complètement rénové. Si Bernard Szajner et Manu Katché ont conçu le nouveau son et lumière de six minutes, il n'en demeure pas moins que le temple hindou, la jungle et le palais se transforment toujours en kaléidoscope infini par d'habiles jeux de miroirs. J'imagine que l'alerte aux pickpockets qui nous faisait tressaillir dans le noir est toujours de mise. À l'époque, la visite se terminait par un court spectacle dans le théâtre, en général un illusionniste, mais aujourd'hui le Théâtre du Tout Paris abrite sa propre programmation. Dommage que le groupe CDA (Compagnie des Alpes) qui gère le lieu pratique des prix aussi prohibitifs. La pétulante Fani, s'étant laissée dissuader, est passée voir deux originaux...