Annick Rivoire a de la chance d'avoir de tels correspondants pour le site Poptronics.
Lorsque Chris Marker ne lui envoie pas les collages de son chat Guillaume-en-Egypte, il met gracieusement en ligne (sous Creative Commons) 25 photographies prises pendant la manifestation de vendredi dernier. Comme j'en reproduis la mozaïque, un détail me saute aux yeux : la plupart des hommes portent l'uniforme, les femmes défilent. D'un côté comme de l'autre les mines ne sont pas particulièrement réjouies. La crise touche tout le monde. On s'interroge sur les incertitudes de l'avenir. Aragon disait qu'elles étaient celui de l'homme... Alors ?
La crise a bon dos. Quelle crise ? L'alerte aux abus d'une caste arrogante qui s'en met plein les poches sur le dos de la population, au risque de bousiller la planète, le fossé entre les riches et les pauvres qui se creuse un peu plus chaque année, le mécontentement qui gronde, un barril de poudre qui attend sa mèche... Il suffirait peut-être d'une étincelle pour que tout cela explose ? Quand je pense que de tels propos pourraient faire débarquer une meute de types en cagoules au petit matin... Ceux-là y auront toujours droit au cache-nez. Mais les allumettes sont entre les mains du pouvoir. Une chance qu'il joue avec le feu, le fada de l'Elysée ! Il fait semblant d'éteindre les incendies avec un arrosoir, il dresse des rideaux de fumée, mais ça continue, de pire en pire. Et nous, nous manifestons dans le calme, bien plan plan, le regard perdu sur la ligne bleue des roses. À force de broyer du noir, il finira bien par se redresser vers les étoiles. Chaque nuit est une promesse. Comme le regard de ces femmes, décidées, elles savent que cela ne se joue pas en un jour, elles sont patientes, opiniâtres, elles marchent, elles avancent. Ne manquons pas leurs rendez-vous.