Il faut avoir vu François Corneloup faire des pointes au baryton, le chapeau vissé sur le crâne, la mine réjouie, regarder Stockley Williams jongler avec les coups. Il faut avoir vu Tony Hymas à cheval sur une fesse entre deux ou trois claviers maintenir l'équilibre du groupe feuilletant les pages volantes qui se moquent du temps. Il faut avoir vu Mike Scott lever le manche de sa guitare comme un paratonnerre pour attirer la foudre des notes de ses partenaires. Et puis battre les cartes. Hymas attaque les touches comme Corneloup claque du bec, distorsions contre métal doré. Le funk et le free cèdent la place à une improbable musique de film aux incrustations mélodiques qui nous balade sur le bitume encore fumant d'une jungle peuplée de cœurs tendres. Justes regrets de ne pas entendre plus souvent la voix bouleversante de Williams sur rythme de slap sax, riffs de touches et tricot de cordes. Superstition ! La salle est pleine, mais on plaint ceux qui, partis en long week-end, ont raté la météorite lorsqu'elle a frôlé le XXème. Ça groove au fond du temps à L'Ermitage.