En novembre 2007, j'écrivais quelques mots sur l'installation que Nicolas Clauss venait de créer dans le sud de la France. Elle s'intitulait Or not toupie. Commande du site d'Arte, une œuvre interactive se construisit dans la foulée sous le titre de Or not toupie suites. La première est exposée jusqu'au 7 juin à la Maison des Métallos pour la saison numérique Immatérielles, la seconde est enfin en ligne. Elle m'a inspiré ce nouveau petit texte :
Il faut toute une vie pour apprendre qui l’on est. Le souvenir des parents encombre les enfants qui n’en finiront jamais de grandir. La route défile. On ne règle les comptes qu’avec soi-même. Au-dessus des voix des personnes âgées évoquant leurs jeunes années, des images d’antan, figées dans leur jus, se mélangent aux gestes d’enfants d’aujourd’hui. Les petits papiers pliés s’envolent comme des feux follets. Les masques tombent dans une danse macabre où l’espoir se grime en clown pour se jouer des perspectives. Personne n’est pourtant véritablement présent à l’écran. Tout se devine. La vie rêvée se dessine. Les sons enregistrés de la partition sonore, voix des contes d’hier et de demain, bruits remémorés et musique des songes, accompagnent les tableaux vivants dans une mise en abîme, un puits sans fond d’où les images d’une beauté renversante jaillissent comme des fantômes de jouvence. Hamlet fut jadis un enfant.
Hier soir, pour l'inauguration d'Immatérielles, beaucoup de monde s'était déplacé à la Maison des Métallos où l'organisation de ce magnifique espace n'était hélas pas à la hauteur de la programmation. Que cela ne vous retienne pas, c'est invisible lorsque l'on est happé par l'obscurité d'où jaillissent les œuvres exposées.


Je profitai de la proximité dans le quartier des Portes Ouvertes des ateliers de Belleville pour rendre visite à Marie-Christine Gayffier. C'est à deux pas des Métallos, de 14h à 21h jusqu'à lundi. La feuille dure de plastique transparent qui recouvre ses derniers tableaux leur donne une profondeur qui rappelle la technique des cellulos des dessins animés. J'ai toujours aimé la perspective courte que produit cet effet de peindre dessus dessous. Les pinceaux de l'artiste ont débordé sur ce support qui tient lieu de cadre plat à ces toiles sans bords. Ici les intentions sont suivies des faits.