Les détonations ayant attiré notre oreille, nous avons mis le film en pause. Le feu d'artifice nous changeait du ballet des hélicoptères qui semblaient faire des allées et venues au-dessus de Montreuil. Là-bas ça chauffait. Queue de manif. La police tire dans le dos, flashballs à hauteur du visage. Ne pas se retourner. Joachim Gatti, fils de Stéphane Gatti et petit-fils d'Armand Gatti, y laissera son œil de cameraman. Déploiement de forces pour faire évacuer le squat de La Clinique. Un journaliste du Monde se fait embarquer. Sarkozy a lâché ses chiens. Le pouvoir montre son vrai visage en défigurant un jeune réalisateur. Rappel des faits. Pétition.
Tombée de la nuit. Le feu d'artifice de Bagnolet est très chouette. Ce n'est pas la Tour Eiffel, mais au moins il n'y a pas de musique grandiloquente pourrie pour abîmer le spectacle. Le son des fourmis lumineuses est épatant et les échos rebondissant partout à la fois constituent une pièce pour percussion remarquable. Nous apprécions moins le ballet des moustiques qui nous dévorent tandis que nous sommes assis sur les tuiles du toit. Encerclés par les flammes qui crachent aux lointains, nous grelotons sous la brise. Quand le ciel changera-t-il enfin de couleur pour passer du tricolore au rouge et noir de la révolte ? Une question d'heures ? J'entends des enfants qui rugissent quand on les gronde...