Tout a brûlé. Ce n'est pas le feu. C'est le sel. Jean-Claude arrose depuis vingt ans son jardin avec l'eau d'un forage à quarante mètres sous terre. Il y a deux mois il remarque un dépôt blanchâtre autour des arbres, mais ne s'en soucie pas outre mesure. Au troisième arrosage, tout commence à crever. La haie de noisetiers qui longe le chemin de l'ancienne voie ferrée, le prunier, les néfliers, le noyer et les deux potagers se fanent à une vitesse grand v. Tous les voisins avec des puits constatent le même désastre. Les analyses sont formelles : la conductibilité de l'eau (c'est le sel et les métaux lourds) est montée à 12600 quand la norme est à 1000. De sérieux soupçons pèsent sur la société Kaufman & Broad qui a creusé deux sous-sols de parking en bordure de mer. L'eau salée a été probablement aspirée par la nappe phréatique. Comment peut-on autoriser de telles constructions ? Qui osera s'attaquer à une société aussi puissante ? Les riverains espèrent que le CIQ du Vallat de Roubaud, comité d'intérêt du quartier, se mobilisera. Dans le quartier du Clos des Plages, il n'y a plus d'eau du tout, les puits sont à sec. Un journaliste stagiaire de La Provence a réalisé une enquête étayée, mais on attend toujours la parution. Le quotidien peut-il se passer de ses annonceurs ? En se promenant le long de la plage, on est surpris par la surface qu'occupe le projet immobilier. La surprise devient saumâtre lorsque l'on en constate la profondeur. Et jusqu'à deux cent mètres à l'intérieur des terres, les Ciotadens regardent leurs jardins dépérir. La spéculation immobilière ne s'embarrasse pas de ces détails. On bétonne toujours sans se préoccuper le moins du monde de la plus élémentaire écologie. Si la municipalité ne prend pas rapidement ses responsabilités, il faudra creuser cette fois de ce côté pour comprendre...

P.S. : procès d'intention injuste de ma part envers La Provence, l'article est paru !