Ce sont deux histoires. Pendant qu'Antoine et moi frisions l'émeute à la Nuit Blanche de Metz avec nos lapins des garçons sauvages incendiaient des automobiles à Bagnolet devant chez nous. Je pense à la peur de nos voisins réveillés par l'explosion de leurs fenêtres suivie des flammes. À l'Arsenal, ancien dépôt de munitions messin, nous avons proposé de faire gracieusement une quatrième représentation pour satisfaire les centaines de spectateurs qui n'avaient pu assister aux précédentes, mais l'organisation a refusé. L'atmosphère était explosive. Dehors la foule scandait : "Les lapins ! Les lapins !" À la maison, Françoise a filmé le feu qui, le lendemain matin étonnamment, ne semblait pas avoir endommagé l'arbre au coin de la rue. Nous avons tous les deux pensé avec effroi à la cuve à mazout provisoire devant le garage qui doit être enlevée lundi matin, mais Antoine m'a expliqué que c'était un liquide trop gras pour s'enflammer. L'accueil de Véronique Albert a été adorable, et les intermittents du spectacle de la Nuit Blanche nous ont permis de réaliser trois représentations enflammées. Nous avons juste eu le temps d'admirer "Line Describing a Cone", le film-dessiné de 1973 d'Anthony McCall projeté dans la fumée de l'Église Saint-Pierre-Aux-Nonnains et coucouche-panier-papattes-en-rond. Ayant passé la journée plié en deux par le réveil de mon hernie discale j'appréhende la journée de demain. Nous devons remonter "Nabaz'mob" à l'Aubette à Strasbourg avant 14h. Antoine dit que, tordu comme un bonzaï dans mon costume noir et or, je ressemble au Juge Ti. Il est bientôt trois heures, extinction des feux.