Voici la programmation de la première émission "Le mur du son", diffusée ce soir dimanche sur France Musique à 23H59 et 59 secondes... La deuxième partie sera diffusée le 22 novembre. Dans le cadre de Tapage Nocturne, Bruno Letort a proposé à des compositeurs d'écrire une petite pièce sur le thème "20 ans après la chute du mur de Berlin" (libre d'esthétique) d'une durée de 1 à 3 minutes (pas plus).
1• Caroline Duris "Overgrow" 2'41
2• Pierre Bastien "trois trompettes pour Jéricho" 2'38
3• "Un petit clou dans le mur du son" (Christophe Petchnatz) 2'49
4• Philippe Petit : "an air of intrigue" 2'49
5• Laurent Dailleau "niederkirchnerstrasse" 2'57
6• David Reyes "Au pied du mur" 2'58
7• Jean-Jacques Birgé "Casual" 0'59
8• Mathieu Tiger "Die_Mauer_Muss_Weg" 2'41
9• Béatrice Thiriet "charlie's retired mix" 2'38
10• Sati Mata "Rencontre" 1'42
11• Marc Battier "Wall Mix" 1'59
12• Jean-Philippe Goude "Vanité" 2'48
13• Dominique Grimaldi "Tear Down This Wall" 2'07
14• Gaël Segalen "ich_habe_es_nie_gehort 2'41
15• Julie Rousse "Berlin Station" 2'04
16• Slug "Behind" 2'31
17• Kim Cascone "Mauer ghosts" 1'00
18• Jean-Marc Weber "Nach Berlin" 3'00
19• Moon Pilot "Behind the wall of shame" 1'55
20• Mimetic "Wall of sound" 2'32
21• Michel Redolfi "Dans l'oeil de l'aigle" 3'08
22• Anne-Claude Iger "Le mur du son" 2'19
23• Rasim Biyikli "firewall" 2'23
24• Raphaël Marc "Le rêve de Klaus B." 1'52

Les murs sont tous destinés à tomber, celui du Ghetto de Varsovie, le mur de Berlin ou celui qui sépare Israël de la Cisjordanie. Mais la commémoration de l'évènement a pris une tournure répugnante. Loin de célébrer quelque libération, elle tourne à la glorification du capitalisme contre le communisme. Trotsky clamait que la révolution serait internationale ou ne serait pas. Le Capital a fait sienne cette pensée. Il y a vingt ans les capitalistes se sont donc enfin mis à lire Marx, l'accommodant à leur sauce pour accoucher de l'ultra-libéralisme, un système qui fait des ravages comme les autres. Mais la propagande actuelle entretient la confusion. Le carnage était le propos dément du nazisme et le cynisme du libéralisme est explicite. Il est inadmissible de comparer ces deux systèmes monstrueux avec la déviance tragique du communisme dont les théories généreuses ont été dévoyées dans les faits. Le communisme ne saurait se confondre avec le stalinisme. On peut continuer à se battre pour un monde meilleur et équitable en toute fierté, rejetant catégoriquement l'exploitation de l'homme par l'homme.
Il est également important de tempérer l'anti-communisme primaire répandu dans les médias. Si le régime est-allemand était loin d'être enviable, il permettait à tous ses citoyens de manger à leur faim et de se loger. J'ai rencontré de nombreux artistes rebelles, par exemple dans le secteur des musiques improvisées, qui avaient les moyens de jouer, de sortir à l'étranger et que la nouvelle donne a transformés en clochards qui n'avaient plus rien de célestes. Pour nombre d'Allemands de l'Est l'écroulement du mur a levé le voile sur un rêve qui s'est avéré bien en deçà de leurs espérances.
Pour l'émission de ce soir, j'ai préféré m'écarter de l'Histoire dont on nous rabat les oreilles à des fins de propagande pour me concentrer sur le thème du mur du son. Pensant, peut-être à (le)tort, que nombreux de mes camarades joueraient sur le « bang » supersonique, j'ai pris le contrepied en me plaçant au pied du mur, travaillant sur le silence, un autre seuil. À l'antenne, le silence est toléré de façon limitée. Au bout de quelques secondes sans aucun signal, un robot déclenche la diffusion de musique pour occuper la fréquence d'émission que je devrais écrire sans apostrophe. La chaîne craint que l'auditeur qui se connecte zappe sur un autre canal. À lire sa durée sur le conducteur, ma contribution semble avoir été amputée de 6 secondes pour passer entre les fourches caudines de la censure technique. Je l'ai intitulée "Casual" qui signifie "décontracté, informel" mais que je prononcerai comme un Français essayant de parler anglais, "Cage Wall", en hommage au compositeur américain et en référence à la cage dans laquelle nous nous enfermons aujourd'hui, le formatage.