70 Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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mardi 1 juin 2010

Quatre articles sur la politique israélienne (rappel)

Sur mon statut FaceBook, j'ai écrit "La paranoïa est un suicide programmé". On me demande de m'expliquer. Depuis 2006, j'ai écrit 4 articles sur ce Blog : Autodestruction, En Israël le communautarisme a enseveli la réflexion politique, Où fait-il bon vivre ? et le dernier en 2009, Neige Nuit Sable Sang. Dès 1967, je suis entré en rupture avec la politique d'Israël pour ne pas renier ma culture...

Internet permet d'être sans avoir eu à penser


Si L'Internet fait des bulles avait un intérêt historique sur le commerce en ligne, I am the Media ne parle que de l'outil au détriment du contenu. À en croire l'enquête de Benjamin Rassat, les Blogs ne sont qu'affaire de narcissisme au travers de l'auto-googlisation et donc de course à l'Audimat. Son "I am" est bien loin du "cogito ergo sum" cartésien. Ici on "est" sans avoir eu à penser ! Le film n'apprend rien, c'est une ennuyeuse litanie de têtes creuses qui ne connaissent qu'un chiffre, le numéro 1, soit être en tête de sa liste. Les questions sont trop bateau pour générer la moindre réponse intéressante ; même le détracteur Andrew Keen qui n'y voit que masturbation intellectuelle reste fade et l'avatar schizophrénique de Rassat accumule les poncifs. I am the Media tourne surtout autour des Vlogs (vidéo blogs), où ces exercices d'exhibitionnisme les plus populaires sont sans paroles. Le voyeurisme qu'ils suscitent est le même que celui de la télé-réalité. Pas un soupçon de regard critique sur le Blog, journal intime devenu public, sur les motivations des auteurs qui ont quelque chose d'autre à défendre qu'une occupation de l'espace, hymne stérile et rabâché au fantasme warholien des quinze minutes de célébrité pour chacun. Le film fait l'impasse sur les différentes formes que peuvent prendre ces chroniques régulières, souvent dirigées par des amateurs (soit ceux qui aiment), en libre accès pour tous les internautes, et qui concurrencent les médias plus traditionnels tremblant de ne pas en comprendre les ressorts faute d'une véritable réflexion sur les révolutions que les nouvelles pratiques engendrent. Même chose pour les sociétés d'auteurs qui ratent le coche en misant sur la répression au lieu d'adapter la protection des droits aux nouveaux usages ; se laissant circonvenir par les industriels, elles vont à contre-courant des intérêts des auteurs qui sont de faire circuler les œuvres avant de compter sur ses doigts les intérêts numéraires. Les conséquences d'Internet sont encore difficilement évaluables, mais il est évident qu'il transforme la pensée bien au delà du médium. Et quand la pensée change, l'être s'y conforme. Quod erat demonstrandum.