Bon moment, mauvais temps. À l'instant où j'appuie sur le bouton, Annie passe dans le champ. La tête en bas les pieds en l'air. Accroche-toi au pinceau, l'auvent lève l'échelle. Il était temps. L'averse arrose le jardin à grosses gouttes, tissée serrée, rideau. Derrière la fenêtre je regarde le nouveau mur jaune, le vert d'eau du bandeau, j'imagine la frise orange. La machine à laver s'est arrêtée. Annie profite de nos goûts colorés pour faire éclater la palette. La bille de verre du carillon retournée propulse la maison à des kilomètres vers le sud. Repeindre le mur du studio, c'est ravaler la façade, comme aller chez le coiffeur ou s'acheter un nouveau vêtement. Soudain je repeindrais bien tout, frénétiquement, des quatre faces de notre home jusqu'aux temples grecs qui ne connurent la couleur de la pierre qu'avec l'usure du temps. Dommage que je déteste tout ce qui salit, déjà que je ne suis pas fan du bricolage ! J'ai presque toujours laissé les filles choisir les couleurs vives qui m'inspireront. Cela a fini par déteindre sur moi. Je suis sorti du noir.