La montagne nous fait perdre nos repères d'échelle. Nous ne savons plus qui des promeneurs ou des paysages sont petits. Dans le chapitre Des distances Jean Cocteau suggère qu'il n'y ni grand ni petit, mais seulement du proche et du loin. Je crois qu'il s'agit du Journal d'un inconnu. Nous prenons les rochers pour des vaches et les chevaux pour des moutons. Au lointain nous croyons apercevoir Toulouse. Sur l'autre versant du Pic du Midi, les oiseaux emportent des demi-baguettes entières dans leurs becs. Comme le ciel est dégagé j'en profite pour photographier quelques cartes postales.


Le musée scientifique de l'Observatoire est comme la plupart du temps, un peu ringard et rébarbatif, mais les contributions d'étudiants en arts plastiques y apportent un peu de fantaisie comme Les mites au logis, photographies de culture de mites alimentaires. Le sonoscope en céramique de Hye-soon Seo est un concept amusant même si l'on entend essentiellement les commentaires des touristes qui sont à quinze mètres de nous, sans que ce soit pour autant dans la direction pointée ! Sonia et moi essayons en vain de reconnaître certaines des langues qui se croisent là-haut, à 2870 mètres d'altitude. En fin d'après-midi nous retournons à l'Abbaye de l'Escaladieu où France 3 m'interviewe devant la meute lagomorphe (diffusion ce dimanche midi et soir sur FR3 Midi-Pyrénées)... Sur la route éclairée par les phares la question des distances se pose à nouveau. Les routes en lacet me semblent plus rapides que l'autoroute. Je ne sais pas si nous sommes tout petits, mais je suis certain que nous sommes très loin.