Journée de visite, journée de rêve sur ce que sera Escal'Atlantic 2. Nous réfléchissons sur l'avenir de ce "paquebot" de 3500 mètres carrés situé dans l'ancienne base sous-marine de Saint-Nazaire, elle-même construite à l'emplacement de l'ancien port historique. Le scénographe Raymond Sarti joue l'ombre et la lumière comme je conçois le son dans le silence, mais pour lui c'est de l'obscurité qu'émerge le sens. La dialectique est notre moteur. En accord avec Tiphaine Yvon, chargée du projet, je réintroduirais de l'humain dans un univers qui était devenu essentiellement mécanique. Comme pour tous mes travaux, j'évite toute illustration pour privilégier tout ce qui peut être complémentaire.
La différence entre un illustrateur sonore et un designer sonore tient justement dans l'évocation produite. Un exemple : lorsqu'on lui demande de sonoriser un moulin à vent avec une vache et un tracteur, l'illustrateur répond à la commande. Le designer trouve sa raison d'être si l'on souhaite que le moulin fasse rire, que la vache fasse peur et que le tracteur rappelle le passé des agriculteurs...
La visite d'Escal'Atlantic, conçue à l'origine par François Seigneur et François Confino, permet d'envisager un spectacle extraordinaire qui fasse sens. Dores et déjà je suis confondu par l'immensité de l'espace avec ses cabines, ses salons, sa salle des machines, son cinéma, ses découvertes comme si nous étions sur le pont, et les chaloupes où nous prenons place pour une simulation d'évacuation...
Je repense aux hors-champ possibles, à l'air nécessaire pour que toute la visite respire et j'écoute l'exposé de Raymond en admirant les maquettes qu'il sort de sa musette comme le lapin jaillit du chapeau du prestidigitateur. Nos interlocuteurs, Emmanuel Mary et Daniel Sicard, réagissent dynamiquement à nos propositions. Allergique aux réunions, j'apprends pourtant une foule de choses qui laissent entrevoir le début d'une belle aventure qui devrait durer deux ans.