Petite promenade dominicale, histoire de prendre l'air dans le Marais piétonnarisé, direction l'Espace des Blancs-Manteaux où Ella et Pitr participent à l'exposition collective des 3 ans du M.U.R., ce pignon du Café Charbon, rue Oberkampf près de la rue Saint-Maur, qui accueille un artiste différent tous les quinze jours. Chaque panneau de 8 mètres sur 3 recouvre le précédent. Je suis peu sensible à l'art mural lorsqu'il obéit à une esthétique convenue, que ce soit graffes ou pochoirs, mais Miss'Tic échappe à la banalité en agrémentant les siens de phrases spirituelles et je me souviens d'Ernest Pignon-Ernest, au nom prédestiné, qui dès les années 70 recouvrait les murs d'affiches comme aujourd'hui Ella et Pitr qui me ravissent. Pour ces artistes de contrebande exposant généralement dans la rue, il ne suffit pas d'avoir une bonne patte, il faut savoir parfois prendre ses jambes à son cou. L'un colle pendant que l'autre fait le guet. La photographie immortalisera l'éphémère.
Sur le chemin du retour nous nous arrêtons à la Maison de Victor Hugo, place des Vosges, dont l'entrée est devenue gratuite en 2002. Heureux zazar que cette visite non programmée, car en évoquant notre prochaine station avec Ella je lui trouve des affinités avec le génial visionnaire aux multiples talents. Le graphisme de la jeune stéphanoise, faussement brut et narrativement ouvert, me rappelle paradoxalement les encres de celui qui, après avoir fixé son encrier avec du fil de fer, grava au couteau cette phrase qui me laisse toujours songeur : "Sur cette table j'ai écrit La légende des siècles".


Ayant produit un effet de fausse perspective avec la première photo du petit pavé d'Ella et Pitr devant un grand format, j'en publie une seconde qui rend plus fidèlement leurs échelles respectives, même si je n'arrive pas à cadrer, au-dessus de nous, hors-champ, leur grand mur surplombant la verrière. Sur le pavé on peut reconnaître les deux colleurs à l'œuvre, joyeux papierspeintres.