Si je tiens le coup, je lorgne donc sur la soixantaine, une hallucination ! Je ne serai pas là ce soir pour fêter mes 58 ans puisqu'Antoine et moi serons à Augsburg aujourd'hui et demain avec le clapier enfin libéré par les douanes allemandes après quinze jours de péripéties abracadabrantes depuis leur départ de Norvège. Pensez, plus de cent lapins farcis chacun d'un ordinateur dans trois malles de cinquante kilos chacune, il y a de quoi faire sauter tout l'aéroport, à la poêle s'entend, car les rythmes de notre opéra ne sont pas compatibles avec un dance floor ! À notre tour nous avons failli être bloqués, mais les pilotes et le personnel navigant ont eu gain de cause contre les mesures gouvernementales. Reste tout de même à croiser les oreilles pour arriver à temps. Que les grèves perdurent est une bonne nouvelle, moins marrante quand elles nous bloquent. C'est pourquoi j'ai suggéré que l'on imagine des modes de revendication qui fassent plier le patronat tout en entraînant une large adhésion populaire...
J'ai déjà évoqué le rituel familial de mes anniversaires et l'accumulation des ans comme une sorte de mille feuilles, aussi me pencherai-je seulement vers la caméra intégrée à mon appendice informatique. Encore deux mois avant de débrancher pour quatre semaines. C'est décidé. Les billets sont pris. Plus moyen de revenir en arrière. Nous nous envolerons pour la Thaïlande, cette fois au sud, et le Cambodge. J'ai l'impression que j'y croirai véritablement que lorsque j'aurai posé ma valise. Façon de parler. J'espère n'emporter que le strict minimum qui inclut tout de même un appareil-photo, un petit magnétophone, un carnet, un masque et un tuba. Mais d'ici là, la to-do list est longue.
Je ne sais pas très bien où j'en suis, car mes interlocuteurs font la sourde oreille. Ennuyeux pour traiter avec un musicien ! En attendant, je travaille à mon nouveau disque et j'écris beaucoup. Hier, en fouillant dans les archives, j'ai été pris d'angoisse devant la masse d'œuvres que j'ai oubliées et que j'ai décidé d'écouter en prévision de la station aléatoire Radio Drame sur mon site actualisé. À quoi sert d'avoir accumulé tout cela si je n'en fais rien ? Nombreux titres ne m'évoquent aucun souvenir. Si en cinq ans j'ai rédigé près de 2000 articles ici et ailleurs, si mon catalogue musical depuis mes débuts en compte environ la moitié, la partie immergée de l'iceberg a de quoi me glacer les sangs. Plutôt que de conserver tout ce travail à l'abri de la lumière, il est plus cohérent de le mettre en circulation. Partitions de films, créations en public, improvisations, musique de scène, commandes pour orchestres, émissions de radio, contributions discographiques à des compilations, sonorisation d'expositions, chansons, indicatifs, jeux d'écoute... Cette somme n'est pas sans rapport avec l'argument de mon prochain album !
Et puis, Nabaz'mob sera exposé à Lille la première quinzaine de décembre. 2025 ex machina sera lancé incessamment sous peu. Je dois bientôt faire une conférence sur le design sonore à Créapole. Les finitions du nouveau DVD de Françoise m'accaparent considérablement... Brigitte dirait que je révise. À 58 ans on a commencé à numéroter ses abattis depuis belles lurettes.