Impossible de m'arrêter de numériser à tour de bras depuis que j'ai mis l'oreille dans les archives. Je retrouve quantité d'œuvres dont je n'avais plus aucun souvenir. Il faut parfois que je reconnaisse mes camarades et mes tourneries pour croire ce que j'entends. Les disques et les spectacles ont occulté tout ce que nous n'avions pas édité.
Il était moins une car une partie des bandes lisses se désagrège, déposant une couche collante sur les têtes du magnétophone. S'en suivent hoquets et ralentis. Cinq cotons-tiges imbibés d'alcool sont nécessaires pour décoller la bouillie marron. Certaines ont mieux résisté au temps que d'autres, mais j'arrive à sauver presque tout.
La mise en ligne prochaine de mon site rénové (sur la capture-écran encore à l'état d'ébauche) a généré cette immersion dans mon passé et celui d'Un Drame Musical Instantané. Sous la trentaine d'albums produits depuis 1975, l'iceberg a déjà fait remonté 35 heures d'inédits sans que je ne me sois encore attaqué aux concerts, ni aux musiques de film, aux expositions, encore moins à tout ce qui touche au multimédia. À côté des disques collectifs auxquels nous avons contribué un peu partout sur la planète et que je compile, j'ai exhumé 24 heures d'inédits du trio original avec Bernard Vitet et Francis Gorgé, quelquefois en quartet avec la chanteuse Tamia, datant de nos débuts en 1977 (série des Poisons). Le choc est d'autant énorme qu'aucun de nous n'a réécouté quoi que ce soit depuis lors. J'ai constitué des albums virtuels correspondant à des projets comme L'argent (d'après le film de 3h10 de Marcel L'Herbier), Let My Children Hear Music (musique de Charles Mingus), Machiavel Live (avec entre autres Philippe Deschepper et DJ Nem), les chansons dont celles écrites pour ma fille Elsa lorsqu'elle était enfant, les remix du Drame par Thurston Moore, Le Tone, Aki Onda, etc., des improvisations avec Colette Magny, Hélène Sage, Françoise Achard, Sacha Gattino, etc., des commandes institutionnelles, des clips, des enregistrements antérieurs à 1974... Les styles varient, mais la "patte" est homogène. Plus je creuse, plus j'en découvre de nouvelles strates. Le filon semble intarissable.
Il m'est apparu plus juste de livrer tout cela gracieusement plutôt que cela meurt sous la poussière au gré des variations climatiques. Ces dizaines d'heures de musique (je continuerai au fur et à mesure mon exploration lorsque ce sera en ligne) seront écoutables en direct sur Radio Drame en ordre aléatoire ou en sélectionnant un album ou un morceau (nombreux dépassent la demi-heure, mais il y a aussi plein de petits machins). Tous ces MP3 seront également téléchargeables. Je passe un temps fou à chercher et taper les dates, l'instrumentation et les notes afférentes.
Si les disques sont en vente, un bouton permettra aux donateurs de soutenir l'entreprise. Je ne me fais pas trop d'illusions au vu de l'essai avec l'œuvre interactive Machiavel. Les amateurs téléchargent le scratch vidéo interactif sans se rendre compte que cela représente un travail considérable qui n'est pas rétribué. Certains invités se pointent les mains vides. On les réinvitera quand même, mais un petit geste fait tellement plaisir !
Faisons circuler la musique plutôt que la protéger jalousement. Si j'approche, ici et ailleurs, des 2000 articles en cinq ans, j'ai composé plus d'un millier d'œuvres depuis mes débuts, des minuscules aux grands fleuves, la plupart du temps en collaboration avec mes meilleurs amis. C'est cette histoire que chante la musique et que je suis fier de partager grâce aux ressources du Net, en agrandissant le cercle. Je suis impatient.