Altercation dans l'avion qui nous emporte au Cambodge avec un trou du cul qui se prend pour le nombril du monde. C'est le monde à l'envers. Le paltoquet pousse rageusement nos sacs prétendant que le coffre à bagages au-dessus de son siège lui est assigné. Comme je ne me laisse pas faire le malautrou, qui ne sait visiblement pas reconnaître corporellement l'envers de l'endroit, prend la mouche, l'insecte embourbé lui collant à la peau. L'arrogance de l'homo touristicus s'exprime hélas dans des occasions plus critiques comme à l'aéroport où je surprends des mâles blancs d'une vulgarité effarante envers les Thaïs qui en cette occasion font mine d'être sourds. La scène est ahurissante, superposition de deux temps sans aucun contact. Mélange de racisme ordinaire et d'un reste de colonialisme écœurant, on préférerait ressembler à n'importe quoi d'autre qu'à un Occidental. Occident, le nom de l'extrême droite française avant de devenir le Front National...
Les couples mixtes devraient incarner le contraire de cette attitude hautaine, mais ils inspirent hélas souvent le doute lorsqu'il s'agit d'un quinquagénaire libidineux et d'une jeune Asiatique trente ou quarante ans plus jeune. Contrairement aux préjugés répandus le tourisme sexuel n'a pas généré la prostitution en Asie. Ne représentant que 20% de ce commerce qui permet à ces jeunes filles de nourrir un temps leur nombreuse famille, il a seulement choisi d'investir une spécialité locale comme d'autres optent pour le soleil. Sans entrer dans les détails, les blancs qui viennent ici chercher une épouse profitent honteusement d'une culture machiste qui place les femmes à un rang subalterne, servile et intégralement dévouée. Il arrive même qu'une femme mariée, ce sont elles qui tiennent les cordons de la bourse, donne des sous à son mari pour qu'il aille voir les filles ; tant que c'est tarifé l'honneur est sauf ! Il existe bien entendu maintes histoires d'amour qui font fi des particularités culturelles, mais les couples entrevus par ici sont trop souvent des caricatures où la différence de sexe renvoie directement à la différence de classes. D'un autre côté, la prostitution n'est pas si éloignée des conventions sociales qui régissent les lois du mariage occidental ou encore la vente de sa force de travail à un patron, sauf qu'ici elle s'expose ouvertement, sans complexe et même avec une certaine fierté de posséder une femme jeune et jolie, entièrement au service de son seigneur et maître.


Au cours de notre voyage nous allons être plusieurs fois confrontés à la prostitution, dans les bars à filles de Phnom Penh ou sur Sukhumvit à Bangkok où des centaines de jeunes filles font la retape sur le trottoir et devant les hôtels spécialisés. Dans le quartier musulman il est hallucinant de croiser des femmes voilées mélangées à ces gamines en jupettes ultracourtes. Nous comprenons mieux pourquoi l'Hôtel Atlanta interdit la clientèle sexuelle, mais là j'anticipe de trois semaines...