Le mini-bus qui nous emmène à l'embarcadère pour traverser le lac Tonlé Sap faillit nous oublier, mais nous l'attrapons de justesse après l'avoir fait appeler par la réception de l'hôtel. Non contente d'avoir touché sa commission, mais cela c'est de ma faute, celle-ci nous a raconté n'importe quoi : en fait de quatre heures de navigation nous resterons à bord dix heures, l'eau étant trop basse pour avancer. Le conducteur du bateau et son jeune assistant doivent faire des pieds et des mains pour nous sortir de la boue, sciant les herbes qui se sont enroulées autour de l'hélice déjà bien entaillée pour avoir râpé le fond des canaux. Le voyage est superbe. Nous traversons des villages flottants qui bougent en fonction de la crue du lac alimentant tout le Cambodge.


Du pont du bateau ou du toit où un soleil de métal envoie des gifles brûlantes nous apercevons des enfants en uniforme à l'heure de la récréation. L'église aussi flotte au gré des saisons. Certains pilotis rappellent Kompong Phluk visité la veille.


Les pêcheurs, le plus souvent des femmes, utilisent un astucieux système de balancier pour jeter et remonter les filets.


Je voudrais un chapeau comme celui qu'elles portent pour les protéger du soleil avec un foulard attaché à l'arrière qui peut couvrir les épaules ou cacher la figure si on le ramène sur la bouche. La visière est très large. Deux petits lacets pendent de chaque côté. C'est parfait aussi pour éviter de respirer la poussière de la piste. La mode est aux carreaux, des petits, des grands, peu importe la couleur. J'en choisirai un bleu et un orange, mais je ne sais pas qui osera, à part moi, porter ce couvre-chef si j'en rapporte des marchés le long de la rivière.


La plupart des touristes photographient les enfants. Cela me gêne-t-il ou préfère-je capturer la nature avec mon objectif ? Une saleté a pénétré entre les lentilles. On voit parfois une tâche sur certains de mes clichés.


Comme je demande au capitaine si ce bel insecte pique, il me répond que son oncle et deux autres personnes de sa famille en sont morts. Je suis content d'avoir posé la question après avoir fait la photo.


Nous faisons halte sur un resto flottant où nous gouttons de succulents petits poissons grillés et sucrés, servis comme tout ici avec du riz blanc. Aux jumelles je scrute le ciel où volent pélicans, cormorans, divers échassiers, hirondelles et de jolis oiseaux bleu et vert. Je fais une petite sieste sur le toit de zinc de l'embarcation et nous arrivons en début de soirée à Battambang, deuxième ville du pays, dont j'ai appris depuis à prononcer correctement le nom grâce aux films visionnés à notre retour.