Battambang est une ville banale. Rien à voir de particulier. C'est ce qui nous enchante. Nous sommes plus intéressés par la vie quotidienne que par les attractions touristiques, fussent-elles aussi époustouflantes que les temples d'Angkor. Le matin nous faisons une visite à l'école du cirque qui recueille de nombreux orphelins et nous rentrons en moto-dop, à trois sur le siège. Le chauffeur essaye de nous arnaquer, mais après quelques jours nous nous laissons moins faire que dans les premiers temps. Il n'y a plus ici les hustlers fatigants à force de proposer sans cesse tuk-tuks, colifichets, menus, marijuana ou n'importe quel souvenir à la gomme, d'autant qu'ils ont pratiquement tous les mêmes. Nous fuyons enfin les restaurants à la cuisine édulcorée en ne mangeant plus que dans les petits bouibouis et sur les marchés. Ne me demandez pas ce que j'ai mangé ! La plupart du temps nous montrons du doigt ce que nous désirons en soulevant les couvercles des grandes marmites. Beaucoup de poulet que l'on voit courir partout librement, du porc, des abats, du poisson, boucané ou grillé, des crevettes...


Hier j'ai enfin trouvé du serpent d'eau séché et des insectes frits. La grosse blatte coûtait 1500 riels, l'équivalent de 25 centimes, une fortune ! Les cafards, sauterelles et autres cancrelats étaient plus raisonnables. Cela se mange avec du sel, du poivre et un filet de citron vert. Pour les plus grosses bêtes j'ôte les élîtres vraiment trop coriaces.


À Phnom Penh, le long du fleuve, vers le Palais Royal, je trouverai également des mygalles (un peu caoutchouteuses), de minuscules oiseaux, idem pour les crabes qu'on met entiers dans la bouche, et nous nous nous délecterons d'un plat de chèvre aux fourmis rouges...


On trouve toujours ce genre de mets à l'heure de l'apéro, quand le soleil se couche. Des danseurs de tous âges dont les figures chorégraphiques ressemblent aux variétoches télévisuelles envahissent les berges et se trémoussent suivant avec discipline un guide qui diffuse de la soupe rythmée à fond les ballons. On pense plus à de l'aérobic qu'à du taï-chi, mais cela ouvre certainement l'appétit.