Voilà. C'est fini. Les vacances sont terminées. Ce 27ème chapitre clôt cette série. J'aurais pu publier au jour le jour depuis les cafés et les hôtels où le wi-fi est partout gratuit en Asie, comme je le fais souvent lorsque je voyage, mais il aurait fallu que j'emporte mon ordinateur ou que je me connecte depuis des postes fixes, et surtout que je me mette systématiquement en chasse de cette liaison magique. Or si je suis parti, c'est justement pour fuir ce fil à la patte, cette perfusion quotidienne qui ponctue mes jours et m'esquinte la vue. J'avais besoin de vacances, surtout après le sprint de juillet ; pas moyen de récupérer depuis ; j'avais composé, interprété, enregistré, et ce avec des musiciens, monté sur les images et mixé la musique de 23 courts métrages en moins d'un mois, ce qui me laissait trois heures de sommeil par nuit. J'ai beau être un petit dormeur et faire des doubles ou triples journées de travail, par goût puisque j'ai la chance de faire de ma passion un métier, j'avais besoin de prendre l'air, de casser mes habitudes, de changer d'angle. Voyager dans des pays dont je ne parle pas la langue a toujours produit l'effet désiré. Cela ne m'a pas empêché de prendre des photos comme n'importe quel touriste et des notes sur le petit carnet que j'avais déjà gribouillé en janvier 2008 lorsque nous avions traversé le nord de la Thaïlande et le Laos.
Nous nous sommes reposés la première semaine sur une île thaïlandaise dont je n'ai jamais cité le nom par respect pour tous ses habitués qui m'ont demandé de le taire par crainte d'afflux massif dans les années à venir. Ils rêvent. Des Suédois et des Allemands y construisent déjà un village quadrillé et un grand complexe hôtelier. Il faudra certainement encore fouiner pour trouver de nouveaux paradis que nous contribuons nous-mêmes à polluer par notre rêve d'évasion. Les quinze jours au Cambodge se sont déroulés en trois phases : visite d'Angkor (trois jours suffisent), balade campagnarde sur le lac et au milieu les rizières en descendant jusqu'à Phnom Penh, puis retour au réel dans le monde des ONG et de la prostitution. Bangkok joua enfin le rôle de sas avant de retrouver l'Europe.
Un mois plus tard, je constate l'efficacité des vacances à mes moments de distraction.
J'ai une dent, une chaudière et un évier tout neufs. L'affiche d'Ella et Pitr, lacérée par une foldingue, ne sera pas restée collée plus d'une heure sur notre mur. Sacha et moi avons réalisé notre premier travail de commande en tandem pour Chanel. Le trio que nous avons formé avec Birgitte Lyregaard entame sa seconde période de laboratoire dès lundi prochain. On peut regarder mon duo avec Vincent Segal filmé par Peter Gabor en attendant la suite. Ma fille Elsa a changé de voix sans changer de voie. Françoise va sortir deux DVD au lieu d'un. Pour l'année du lapin nous espérions bien nous envoler vers le soleil levant, mais l'avenir est incertain. Vers où que nos yeux se tournent... Enfin, publier ce récit de voyage avec quarante-cinq jours de décalage m'aura donné un second mois de vacances ! Pour le reste de l'actualité, se reporter aux médias habituels, papier ou virtuel comme Mediapart où ce blog est publié chaque jour en miroir.