Dans la boîte aux lettres, sous la mangeoire aux églantines où se balancent merles et moineaux, s'est niché le plus gros livret de CD de l'année, pavé de 348 pages ! Non, j'exagère, le trio formé des poètes Jacques Demarcq et Dominique Meens et du compositeur Francis Gorgé (cofondateur d'Un Drame Musical Instantané) n'en occupe que les 12 dernières suivies de 64 minutes pour se reposer les yeux. Ils se racontent les uns les autres sur le papier pour ne plus se fier ensuite qu'à leur ornithologie de plume et de gosier. Avec les oiseaux, le trio n'a pas fini de gazouiller...
Mon amitié me rend terriblement injuste, car la revue Grumeaux n°2 publie d'abord les textes de Bernard Aspe, Luc Bénazet, Jacques Jouet, Frédéric Forte, Rémi Marie, François Henninger, Benoît Casas, Rémi Bouthonnier, Antoine Dufeu, Antoine Boute, Bruno Fern, Christian Prigent, Joël Baqué, Noël Ravaud, Phillippe Forest, Benjamin Monti, Alenka Zupancic (la seule femme de la bande ?), Jean Renaud, Philippe Beck, E.E. Cummings, Edoardo Sanguinetti, chacun lui-même précédé par une illustration de Pierre Marty, avant que n'interviennent paroles et musique collées en page 345 dans leur plastique pochette. D'autres, plus compétents et moins impatients, se chargent de cette imposante littérature.
Que me manque le son de la guitare de Francis, arpèges tendres, accords tranchants, vision électrique, culture lyrique ! Elle accompagne les deux hommes de plume en dressant les décors d'un théâtre en plein air quand la virtualité de l'orchestre ne vient pas rappeler que la représentation a tous les droits sur le réel. C'est même un devoir. Les gars jouent sur les mots, ils planent, se posent sur le bord de nos fenêtres, ils chantent les ailes et donnent des coups de bec à l'époque.
L'avertissement en préface revendique le début et la suite, après avoir donné de la Voix, titre du premier volume, pour s'être heurté à L'impossible, titre de ce second numéro. Infra-disciplinaire, contemporaine et collective (l'éditeur, c'est NOUS), la revue s'espère annuelle et se sait abordable (10 euros seulement). Politique, elle fait des GRumeaux en revendiquant son premier phonème, cher à nos oreilles de producteur indépendant, Grrrrrrrrrr !

Quelques extraits...