Je suis monté sur la chaise pour filmer Vincent Segal improvisant avec mon Kaossilator. Il a posé mon instrument jaune citron et les 2 mini-haut-parleurs dans le fond de sa boîte de violoncelle. Leurs LED bleues font de la lumière. Le son électronique vient de nulle part lorsque le couvercle est refermé. Autrement il jaillit comme un diable. J'ai accumulé les couches de timbres, provoqué des élisions, pour aboutir à un magma rythmique qui semble évoluer dans le temps alors que je ne peux plus intervenir sur la boucle ; d'une part je suis perché, d'autre part mon synthétiseur de poche a été confisqué. Jusque là tout se passait sur le pad, avec deux ou trois doigts. Il y a une sensation physique sensuelle à caresser l'écran opaque, à le tapoter, à agir sur les contrôles sans cesser de jouer. L'atelier de Vincent est minuscule. C'est le prix pour habiter dans une maison du Moyen-Âge en plein Marais. On remonte le temps au fil des écoutes, Emmanuelle Parrenin, Los Lobos et les Latin Playboys, Daniel Shafran avec Chostakovitch... Et puis on joue, comme des enfants. Après le déjeuner nous rendons visite au charmant disquaire de la rue Charles V qui ne vend que du vinyle et qui nous fait goûter le son comme si c'était une pâtisserie fine. Pause.
Je rejoins Françoise au Centre Pompidou pour voir Othoniel : grosse déception, nous aurions dû en rester à la station Palais Royal qu'il a décorée. Nous reviendrons pour François Morellet que Marie-Christine Gayffier et Antonin-Tri Hoang nous exhortent de ne pas rater. Curieux, j'achète un nouveau DVD de vieux clips de Michel Gondry et le dernier CD de Youn Sun Nah que j'ai aperçue en vidéo. Le dîner au Bal Perdu se termine trop tard pour que j'ai le temps de regarder ou d'écouter quoi que ce soit. Je prends juste le temps de taper ces lignes et je vais me coucher en espérant dormir sereinement. Plusieurs fois par nuit je me réveille en me souvenant de mon rêve. Ce n'est pas toujours agréable. Mon peu de sommeil est-il lié à la joie de constater que je suis vivant dès que j'ouvre un œil ? Ainsi à la première seconde de ce lundi matin j'ai trouvé la musique d'une des expositions mexicaines que je dois sonoriser en Arles cet été, une évidence telle que j'étais obligé de me lever sur le champ pour aller vérifier concrètement. Le soir, par contre, je m'endors vite, et tard.