Comme je referme Art contemporain nouveaux médias que Dominique Moulon vient de publier aux nouvelles éditions Scala, je le glisse à côté de la thèse d'Hervé Zénouda, Les images et les sons dans les hypermédias artistiques contemporains, de la correspondance à la fusion (ed. L'Harmattan), des numéros spéciaux d'Art Press Techno anatomie des cultures électroniques et L'art et la Toile, de ceux de MCD consacrés par Anne-Cécile Worms aux Arts numériques et par Anne Roquigny à 15 ans de création artistique sur Internet, des généreuses contributions d'Annick Rivoire ou Clarisse Bardiot dans différentes revues et d'une tonne de catalogues de festivals, auxquels j'ai participé, aussi fournis en informations. Je n'oublie pas les monographies de quelques précurseurs tels John Maeda, Marita Liulia ou le catalogue de La subversion des images du Centre Pompidou. Les plus passionnants sont évidemment ceux qui développent un regard personnel, mais le feuilletage systématique fournit des pistes à qui veut les suivre. Comparé au reste de mes bibliothèques, cela ne pèse pas lourd. Après avoir été prolifiques sur CD-Rom dans les années 90, puis sur Internet au début du siècle, les arts numériques cherchent toujours leur modèle économique, installations aidant. Ils ont pourtant envahi l'espace théâtral, le cinématographe et se déclinent de galerie en spectacle vivant, sans que ses plus beaux fleurons trouvent grâce aux yeux et au portefeuille des collectionneurs et des musées. Est-ce le souci de la pérennité ou la jeunesse de ces expressions qui freinent le marché de l'art ? Antoine Schmitt me confie qu'il livre désormais le code source et un service de maintenance avec ses œuvres. D'autres signent un contrat qui octroie aux acheteurs la propriété du code si les artistes disparaissent. Les projections nécessitent des lieux obscurs et nombreuses installations sont de l'ordre du monumental. Il y a pourtant de quoi satisfaire tout le monde, petits formats simplifiés et délires mégalos, kitscheries et œuvres conceptuelles, mises en scène dramatiques et matières plastiques, agit-prop et art officiel ! Toutes ces pièces ont le mérite de poser mille questions sur l'art et l'époque, sur les nouveaux outils et les libertés qu'ils offrent, sur la fragilité de notre monde et la prison dans laquelle nous nous enfermons nous-mêmes.