La chrysomèle du romarin attaquant le buisson parfumé qui penche vers le soleil depuis que les bambous noirs ont poussé, je suis obligé de cueillir ces cousines du doryphore une à une et de les écrabouiller malgré la sympathie qu'elles m'inspirent. La bestiole est assez jolie avec sa carapace verte, mais c'est elle ou le romarin. Chaque année sonne l'hécatombe, d'abord les branches ravagées, ensuite le piétinement. Le matin je repère bien les insectes adultes remontés vers les têtes, mais ce sont les larves qui font le plus de dégâts.
J'ai d'abord cru que c'était un doryphore, sobriquet des troupes d'occupation allemandes pendant la seconde guerre mondiale, nommées ainsi parce que les envahisseurs mangeaient les patates des Français qui crevaient la dalle. Comme leur uniforme était vert-de-gris, j'ai été trompé par l'analogie de la couleur. Le véritable doryphore a des rayures jaune et noir, style Nestor.
Le romarin, plus efficace frais que séché, est bourré de qualités médicinales et culinaires. Françoise concocte des infusions bienfaisantes, Marie-Laure embroche des coquilles Saint-Jacques sur les branchettes, j'en mets dans les ragoûts, les courts-bouillons, les grillades, etc. Et puis surtout, je le caresse en serrant ses branches sans les abimer pour que son parfum m'enveloppe avant de rentrer à la maison...