Il est deux heures du matin à Prague. Je frappe à la porte, mais personne ne répond. La nuit en tout cas, la ville est calme et quasi déserte. Nous ne croisons que des adolescents anglais et allemands qui font en bande la tournée des bars et des dancings. Nous sommes arrivés il y a seulement trois heures, mais nous avons déjà arpenté le vieux quartier jusqu'au pont Charles qui surplombe la Vitava que Smetana orchestra sous son nom allemand de Moldau. L'architecture est magnifique, un croisement entre Vienne, Strasbourg, les villes du Nord et quelque chose d'indéfinissable.
Nous avons fini par trouver un restaurant ouvert à cette heure tardive et même réussi à souper local, du canard farci d'un truc marbré aussi bourratif que l'accompagnement, tranches de quenelles de pomme de terre et de quenelles de farine, que les choux vert et rouge chauds et acidulés permettront peut-être de digérer cette nuit sans faire de cauchemars à la Little Nemo. C'était bon. Françoise s'est contentée de galettes de pomme de terre au fromage, à l'ail et à la marjolaine.
À Charles De Gaulle j'ai cru qu'on ferait le voyage en car tant l'avion était garé loin sur la piste. Le survol de Prague illuminée présenta le Château dans un écrin d'or pétillant, un peu comme une bière blonde pulvérisée. La journée de demain nous réserve d'autres surprises...