En fait de Musée du communisme, c'est plutôt celui de l'anti-communisme, les cartes-postales vendues à l'entrée pouvant même prétendre à l'adjectif "primaire" pour leur humour cynique style "Pas besoin de détergent à Prague puisque nous avons le lavage de cerveau !". Je prends quelques clichés de la salle d'interrogatoire et nous suivons la chronologie de 1945 à l'abstraction de ces dernières années en passant par le Printemps de Prague en 1968 réprimé par les chars russes, la Charte 77 initiée, entre autres, par Vaclav Havel et la Révolution de velours qu'il baptisa ainsi en hommage au Velvet Underground en 1989. Les films projetés sont particulièrement émouvants comme ceux du Musée Mucha où l'on voit Paris, New York et Prague au début du siècle en regard des affiches Art Nouveau.


À Prague les distances sont toujours beaucoup plus courtes que nous l'imaginions. Nous n'emprunterons pas une seule fois le tramway, mais nous aurons marché, marché, marché, en long, en large et en travers. Cela tombe bien avec l'orage qui se profile et les hallebardes qui s'en suivront. C'est aussi le meilleur moyen pour apprécier les édifices d'époques si différentes, mais qui s'intègrent tous au plan d'urbanisme. Il semble, par exemple, que les couleurs pastels vert pistache, jaune pâle ou gris bleu obéissent à un nuancier assez strict. On reconnaît souvent les touristes à leur nez en l'air.


Comme en France tout le monde traverse n'importe comment. L'indiscipline serait-elle un signe de création protéiforme ? Entendre le mouvement brownien qui s'insinue dans tous les arts sans qu'aucune école n'écrase la diversité. Malgré sa situation géographique la capitale de la République Tchèque possède le charme des pays du sud, elle respire la culture par tous les pores de son bitume, ou plutôt de ses pavés, pavés que Françoise admire à chaque pas. J'ai failli en glisser quelques uns dans sa valise, mais au delà de vingt-trois kilos cela peut coûter cher !
L'orage est passé aussi vite qu'il avait foncé sur nous, lavant le ciel des quelques nuages qui faisaient ressembler le paysage à un Chirico. Nous avons rouvert les yeux sur un à-plat bleu, climat idéal pour terminer notre escapade...