Si personne ne voit la couleur de mon slip pourquoi m'évertue-je chaque matin à en choisir un assorti à mes vêtements ? J'ai d'abord un mal fou à en trouver dont la teinte soit franche et vive sans qu'ils coûtent la peau des fesses. La série J.Press accrochée sur le fil fut acquise le 23 février 2008 à Bangkok pour une poignée de cacahuètes. Qualité irréprochable 100% coton. La commerçante les vendait seulement par douze et trois ans plus tard je n'en trouvai malheureusement nulle trace dans les soïs, ces passages couverts de ChinaTown. Comme je travaille souvent en peignoir de bain, ma compagne me connaît mieux nu ou habillé qu'en sous-vêtement. Il m'arrive encore pourtant de l'enlever par un habile mouvement du pied pour m'en coiffer et la faire rire, mais la question qui me tarabuste n'est pas celle du déshabillage. N'ayant jamais adhéré à la Fête du Slip, que justifie ce soin apporté au moindre détail de mon accoutrement ?
Est-ce manière de répliquer aux compliments sur mes costumes que de montrer mes chaussettes en soulevant le bas de mon pantalon et d'ajouter que même mon slip est assorti, au risque de faire passer le visage de mon interlocuteur au pâle ou celui de mon interlocutrice au rouge cramoisi ? J'eus l'astuce de porter caleçon imprimé de crânes de mort le jour où un imbécile souleva mon kilt. Les autres soirs je laisserai planer l'énigme... Pourtant, ce n'est pas pour la galerie que chaque jour je choisis un slip dont la couleur se marie avec mes vêtements, mais pour moi seul ! Comme il y a une tranquillité d'esprit à savoir que mon mouchoir en tissu plié dans ma poche droite ne jure pas avec le reste. On est bien dans son slip comme on l'est dans ses baskets. Façon de parler car je préfère des chaussures qui respirent et ne compriment pas les arpions. Ces règles ne s'appliquent pas mécaniquement à toutes les parties du corps. J'ai beau ne fréquenter aucun vestiaire collectif, ni risquer de dévoiler mes sous-vêtements par un geste maladroit, il m'est arrivé plus d'une fois de devoir tomber le froc avec la sérénité de celui qui vient de se changer. Quitte à jouer les coquets autant aller jusqu'au bout !
Pourquoi alors ne pas me peindre le corps pour pousser le bouchon encore plus loin, si l'encre était facilement applicable et changeable au gré de ma fantaisie quotidienne ? Les jours de manif j'apprécie les visages peints suggérant l'humeur de son ou sa propriétaire. Je ne suis pas certain que mon analyse soit juste, mais cela me donne au moins une idée pour l'avenir...