Mon attachement à l'univers musical de Michael Mantler n'est plus un secret. Le principe de son nouvel album, For Two (ECM), ne pouvait que m'enchanter. En juin 2010 le pianiste danois Per Salo enregistre dix huit pièces au Studio de La Buissonne à Pernes-les-Fontaines. Deux mois plus tard à Copenhague, le guitariste suédois Bjarne Roupé improvise dessus en playback. Tous deux familiers de la musique du compositeur autrichien (Salo sur Hide and Seek ; Roupé sur Cerco Un Paese Innocente, The School of Understanding, Songs and One Symphony, Hide and Seek), le dialogue spatio-temporel, tissant chaîne et trame, rend hommage à l'écriture somptueusement monotone et lyrique de Mantler. L'exercice, tout en respirations, consiste en un jeu d'écoute où la concentration des interprètes se répercute sur l'auditeur dont le recueillement semble sciemment dirigé par le compositeur. For Two se réfère alors à la relation intime qu'il entretient avec son public. Écrit-on jamais pour soi ou pour lui ? Pour les deux, mon général.