D'abord, je n'aime pas danser. Du moins, dans les règles de l'art. Adolescent, j'inventais une sorte d'épilepsie électrisée sur les morceaux rapides qui mettait tout le monde mal à l'aise et j'étais trop timide pendant les slows. Je suis devenu musicien probablement pour pouvoir faire danser les filles sans avoir à les inviter. Il n'y a que Cab Calloway qui me fasse faire des bonds sans que je sache comment résister.
Ensuite, ce qui est devenu la variété internationale nous l'appelions musique pop quand les Américains parlaient de rock. Le rock affublé de son suffixe 'n roll était un truc ringard de nos aînés gominés, style Elvis, loin du psychédélisme de mon éveil. Les revivals et les nostalgies ne sont pas ma tasse de thé. Alors que faire du rockabilly influencé par la country, quand les années 50 se conjuguèrent aux années 80 ?
Si je suis amusé un moment ou que Vince Taylor m'impressionne (réécoutez aussi son Rock And Roll Station avec Jac Berrocal à la bicyclette dans l'album Parallèles de 1976 !), les 2 DVD et 5 CD présentés par Antoine de Caunes fascineront les adeptes de ce revival rockabilly dont le label français Big Beat dirigé par Jacky Chalard est le fer de lance. Le moule est trop contraignant pour me plaire, mais je sens aussi qu'il s'agit d'une affaire de classes sociales. Dans Violent Days la réalisatrice Lucile Chaufour avait très bien filmé les prolétaires du Havre aux prises avec cette musique montée sur ressorts. Coiffures banane et santiags, glissement des voix du grave vers les aigus comme une mue rauque et roulez jeunesse !
Les CD affichent Vince Taylor en 1979, le Texan Sonny Fisher, les Français des Alligators et les Gallois de Breathless quand les DVD ratissent plus large de Crazy Caravan à Gene Summers, compilation exceptionnelle d'émissions de télévision (ed. Montparnasse).