Lao Tseu l'a dit : il faut trouver la voix ! Hésitant à me laisser couper la tête pour connaître la vérité sur l'éclipse totale qui m'a rendu aphone, et préférant éviter les corticoïdes, j'ai opté pour la pharmacopée chinoise des Fils du Dragon, tisane Ganma Ocha et sirop de plantes naturelles Nin Jiom Pei Pa Koa puisque ni l'homéopathie, ni le Maxilase, ni le grog, ni le citron ne faisaient effet. Pas de remède miracle, mais une bonne dose de patience après cinq jours d'extinction vocale. J'avais seulement parlé toute une soirée chez des amis alors que je sortais d'un mal de gorge. Des qualités de l'Allemagne avec Patrick Beurard-Valdoye, des sortilèges de l'adolescence avec une mère désespérée, des cornichons sur la raclette... L'inflammation du larynx empêche mes cordes vocales de vibrer, du moins l'une d'entre elles. On aura tout entendu, je ne dis plus un mot pour ne pas les irriter, ni elles ni personne. Pas de provocation ! Si c'est absolument nécessaire je chuchote, mais les lieux publics occultent mes émissions. Je me terre.

Comme le lotus bleu ne me réussissait pas tant que ça, je googlise mon cas, mail et tchat sont un bon moyen de communiquer sans fatiguer mes cordes vocales, je tape, tape, tape jour et nuit. Un site suggère de faire bouillir sept minutes un bâton de cannelle et... On aurait presque envie d'y croire ! Une tasse, deux tasses, trois, je les bois, fais sonner doucement les basses, si mollement que pour l'instant c'est motus et bouche cousue. Respirer par le nez pour éviter les courants d'air, et surtout pas d'effort inutile. C'est comme un torticolis, on l'envenime à vouloir tester ses limites. Ne rien faire. Je suis toujours persuadé que si je tente la sieste le téléphone va sonner et me réveiller dans les cinq minutes. Bingo ! Le seul de l'après-midi alors que je venais de réussir à m'endormir. Je ne sais pourtant jamais si cela fait longtemps ou pas. Mais c'est pour la bonne cause, façon de parler, ce n'est pas son jour, je suis tout seul et Je fais semblant d'être un autre dans son silence. Bonne nouvelle, une facture va nous être réglée ! Plus moyen de me rendormir. Pour m'achever ou me requinquer je concocte un cocktail avec tout ce que l'on m'a conseillé depuis quelques jours. Pas d'imprudence. Je finis les pots puisque je ne suis pas sourd. Muet, je siffle, pratique le langage des signes et en tout cas m'isole. Trop bien ficelée cette affaire. Lorsque je fais mon Houdini en libérant quelques mots on me fait des compliments sur ma voix, chose qui ne m'arrive jamais en temps normal. Ne pas céder à la tentation. Surtout celle du Taoïsme qui sonne sophisme à mes oreilles. Accepter le sort sans perdre le nord. Direction Tourcoing, Lille, Ostende...

Problème inextricable, j'ai l'habitude de me relire à haute voix pour faire rouler les mots tel un tambour. Ce soir, mes phrases restent collées à la page comme des images pieuses.