À La condition Publique de Roubaix, Les enfants de la nuit affichent complet. À moins d'avoir la chance d'un désistement, il n'y a plus qu'à espérer que la création de la compagnie Si et Seulement Si et du scénographe Raymond Sarti soit reprise à Paris ou ailleurs.

Les seuls acteurs de ce "parc d'attraction pour enfants et lampes de poche" sont les visiteurs et le décor. Suivez le guide ! Mais avant, enfilons les capes noires qui nous rendent invisibles. Lorsque les portes se referment derrière notre petit groupe de fantômes on entend râler les petits devant la peur du noir. Pas longtemps. Dans la brume les éclairs qui lacèrent nos corps d'aveugles indiquent le chemin. Nous plongeons dans un puits dont la surface réfléchit nos visages. La forêt cache des animaux que nos torches surprennent. Rampons vers une grotte recouverte de dessins dont elles dévoilent les fluorescences. À scruter ses détails les contes s'y construisent et s'y inventent. Apprenons à prendre le temps de la découverte. Collons notre oreille à la paroi. Levons la tête vers les étoiles. Décryptons les ombres. Ce sont parfois les nôtres. Apprivoisons les éléments. Ici tout n'est qu'est illusion.

Pour deux euros seulement, vous croirez parfois que le monde est sens dessus dessous. Le parcours en 24 étapes passe de la peur à l'émerveillement. Pas nécessaire d'avoir grandi pour échapper au sortilège. En sortant, j'ai souhaité retomber en enfance, non par nostalgie, mais dans l'espoir de connaître encore beaucoup de ces émotions. Toute ma vie j'ai cherché à préserver le rêve. Il a fallu sans cesse réinventer le monde. Retourner comme un gant mes peurs d'enfant. Oser plonger dans le vide ou dans la multitude. Apprendre à voir l'invisible. Écouter le silence. Profiter de l'instant. Les enfants de la nuit n'oublieront pas de si tôt cette plongée dans le noir.