La teinte rouge fait-elle référence aux flammes de l'enfer ou à celles du bûcher sur lequel on brûla des dizaines de milliers de femmes rebelles à l'autorité masculine ? Zosime de Panopolis aurait-il recouvert l'escalier de la cave de son cinabre, soufre et mercure du vermillon, pour dissuader nos invités d'y descendre ? Un ange s'y fracasse la tête pour que personne ne voit ce que les yeux de Linda réfléchissent. La scène primitive est nimbée de fumée. Le serpent se mord la queue : Ἓν τὸ πᾶν καὶ δι' αὐτοῦ τὸ πᾶν καὶ εἰς αὐτὸ τὸ πᾶν καὶ εἰ μὴ ἒχοι τὸ πᾶν οὐδέν ἐστιν τὸ πᾶν. Quoi qu'on y fasse on y retourne. Poussières d'étoile. Notre projet ferait délirer n'importe qui. Il pose les questions que chacun évacue. Limites de l'analyse. Notre travail me rappelle les Questions d'importance de Claude Ponti (publie.net) découvertes avant-hier dans un vertige imputable à leur éternité quantique. Inévitable parce que sans âge. Début des répétitions avec la chanteuse danoise Birgitte Lyregaard et la percussionniste suédoise Linda Edsjö en vue de la création du 26 janvier 2012 au Musée d'Art Moderne de Strasbourg dans le cadre de l'exposition L’Europe des Esprits ou la fascination de l'occulte, 1750-1950. Nous alternons la séduction du bateleur avec la gravité du rituel, tout pour la science, extrême danger. Entrez, entrez si vous voulez faire tourner les tables de la loi. Je repense à la lettre de Pasteur où il annonce qu'il va s'inoculer la rage pour tester son vaccin sur lui-même. Nous nous en sortons plutôt bien. Les Curie y laissèrent la peau. Les baguettes du marimba sont des pinceaux, les mots claquent comme les cloques des grands brûlés, le Theremin traverse l'éther en reniflant en vain les vieux cotons. Tout chavire. Nous éteignons le feu avant de ranimer l'âtre. La teinte rouge fait-elle référence au drame de m'en faire ou à la viande du boucher ? Seconde séance en perspective. Demain nous empruntons le long couloir blanc sans savoir où il nous mènera. C'est excitant. Si La chambre de Swedenborg est un contrepet, y m'reste un mystère.

Photo : Sonia Cruchon