Le livre Discographisme récréatif, publié en 2009 aux Éditions Bricolage, plaira à tous les audiophiles attachés à l'objet disque, à tous les graphophiles intéressés par l'art brut, à tous les amateurs de ready-made, à toutes celles et ceux qui aiment les livres d'images qui invitent l'esprit à s'évader et à se faire son propre cinéma. Au fil des 224 pages format carré 21x21 cm, on découvre comment des anonymes ont customisé leurs pochettes de disques, leur manière de les remplacer lorsqu'elles étaient perdues ou pourquoi ils se sont servis de ce support pour laisser un message à un être cher. Patrice Caillet arpente les marchés aux puces et les vide-grenier depuis 1996 à la recherche de cet art brut souvent involontaire, il les assemble, les expose et les partage, car l'on peut commander ce bel objet sur son site où sont aussi reproduits quelques inédits absents de l'ouvrage.
Au printemps 2010, sans que nous le remarquions ni l'un ni l'autre, nous participions tous deux au projet Face B de Daniela Franco, en marge de l'exposition Vinyl à La Maison Rouge où je jouais le guide avec Vincent Segal. Nos contributions figurent sur le grand poster Face B - Phase 3 reçu plus tard par la poste. Car, après tout, hors la musique qui nous parvient en ondes vibratoires dans l'air en faisant fi de son support, seule sa présentation graphique nous rattache à l'objet physique.
Il y a quatre ans Patrice Caillet organisait les Journées Approxcinématives au Conservatoire de Musique de Montreuil. Y était projeté pour la première fois en salle le film d'Emmanuelle K sur Un Drame Musical Instantané réalisé en 1983. Ce fut aussi la dernière prestation publique de Bernard Vitet. Il y a quelques jours je rencontrai enfin Patrice Caillet qui s'occupe du Studio Berthelot, toujours à Montreuil. C'est là qu'eut lieu la première du grand orchestre du Drame en 1981. Y furent enregistrés une grande partie des albums À travail égal salaire égal et Les bons contes font les bons amis, et nous y jouâmes plusieurs ciné-concerts dans ces années où le Ministère de la Culture dépensait 1% du budget national.
Nous en sommes loin et le futur Président de la République, quel qu'il soit, ne laisse entrevoir aucune nouvelle décente dans ce domaine. On a plutôt l'impression que les "favoris" se sont donnés le mot pour assassiner le dernier rempart contre la barbarie, irresponsabilité totale, surtout en période de crise. Heureusement qu'il y a de saines initiatives et que le Studio Berthelot pourrait s'animer à nouveau en faisant revivre l'avenir... Si tout le monde y met du sien.