70 août 2012 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

vendredi 31 août 2012

Welcome in Vienna en DVD


Durant six heures extraordinaires la trilogie Welcome in Vienna (Wohin und zurück) met en scène des hommes et des femmes ordinaires qui fuient ou combattent le nazisme, de la Nuit de Cristal en 1938 à la Libération en 1945. Juifs, communistes, Autrichiens ou Allemands antinazis, ils s'échappent de Vienne jusqu'à Marseille en passant par Paris (Dieu ne croit plus en nous), essaient de trouver leur place à New York (Santa Fe) et s'engagent dans l'armée américaine pour se retrouver dans Vienne détruite (Welcome in Vienna). Mais c'est avant tout l'histoire de l'émigration qui est en jeu, intégration et ségrégation, perte d'identité et renaissance. En trois films à couper le souffle, tournés de 1982 à 1986, Axel Corti dessine une fresque historique incroyable, choisissant des personnages si banals qu'ils paraissent interchangeables, les montrant comme nous sommes au lieu de comment nous devrions être. Les héros n'existent pas, ou seulement par un concours de circonstances qui ne tient qu'à la chance. Le noir et blanc donne aux images un aspect documentaire, incorporant de manière transparente les images d'archives. Filmée et montée avec une telle intelligence, cette leçon à la fois d'histoire et de cinéma est tout simplement un chef d'œuvre.


Tant de films ont été tournés sur cette période, mais ils semblent toujours romancer le désordre. Jean Renoir, Michael Powell, Lucchino Visconti, Rainer Werner Fassbinder, Samuel Fuller, entre autres, en avaient déjà montré la complexité en évitant de rabâcher les poncifs. Le cinéaste autrichien dévoile l'ambiguïté des divers gouvernements, dont la France évidemment, et filme la difficulté à laisser derrière soi le passé pour inventer l'avenir. Si le troisième volet de la trilogie était sorti avec succès en France en 1996 il fallut attendre novembre 2011 pour découvrir les deux premiers épisodes. Remasterisés, les films justifient pleinement leur statut d'objet culte et leur publication en DVD par les Éditions Montparnasse en coédition avec Le Pacte est un évènement, d'autant que l'entretien d'1h40 avec le scénariste Georg Stefan Troller, dont c'est en grande partie l'histoire, est passionnant.



Successivement, un extrait de chacun des trois films...

jeudi 30 août 2012

Chou blanc


Il y des jours où il vaut mieux rester couché, me suis-je dit pour avoir consulté la météo. Jean-Claude a réveillé Françoise à 4h25 ce matin pour être au port à 5h, car il faut être en mer lorsque le soleil se lève, moment précis où le poisson mord. Lever du soleil ou coucher sont les heures stratégiques. Pour une fois j'ai décliné l'invitation et me suis rendormi avec le chat Scotch à mes pieds. La pluie s'est aussitôt mise à tomber pour ne plus s'arrêter. Sur la Méditerranée les éclairs zébraient le ciel. J'aurais pu faire de jolies photos. Françoise et son papa sont rentrés à 9h trempés jusqu'aux os, avec un malheureux sévereau dans le seau. Habituellement, lorsqu'ils rentrent tard, c'est que la pêche est miraculeuse. Les pauvres se sont acharnés sans succès sur les traînes. Pourtant les bancs sont là, je les ai vus avec mon masque, mais la réussite d'une pêche est un mystère. Nous profiterons de cette journée "pourrie" pour faire une virée à Marseille, par la route cette fois ! Il fera beau demain.

mercredi 29 août 2012

Éden


Si nous ne sommes pas encore rentrés, nous voici reconnectés avec le monde virtuel après avoir vécu d'amour et d'eau fraîche sur les cimes... Façon de parler, tant les produits régionaux que nous descendions cueillir au marché les mercredis et samedis matin n'étaient pas toujours diététiques ! Le Sud-ouest et les Pyrénées ont su préserver leurs terroirs, que ce soit la viande que nous avons vu paître sur les pentes verdoyantes, les truites des ruisseaux, les légumes amoureusement cultivés et toutes sortes de victuailles contrindiquées par mon régime minceur. Sans réseau, nous nous sommes plongés dans la lecture et la contemplation. Bien entourés, nous avons plus d'une fois refait le monde sous des cieux incroyables. La lune a fini par nous éclairer comme en plein jour, mais les frémissements de l'automne nous ont chassés vers la mer, d'abord à Leucate où nous avons savouré ses fruits iodés avec ma grande fille, arpenté les falaises avec nos hôtes délicieux, puis de retour à La Ciotat nous avons retrouvé le jardin d'Éden de Jean-Claude et le masque et tuba qui me fait filer au large sans que j'en ressente la moindre fatigue... Demain nous irons faire la connaissance d'Antonin Leonardo arrivé à Marseille il y a dix jours et bientôt nous rejoindrons ce que l'on nomme réalité, mais qui n'est qu'une des nombreuses variations de l'imagination.

samedi 25 août 2012

Prolongation




Difficile de rentrer. Nous ajournons. Malgré la brume qui parfois ne se lève pas, quand on n'y voit pas à trois mètres. Malgré l'absence de réseau, mais nous descendons le mercredi et le samedi matin dans la vallée pour nous connecter et faire les courses au marché. Nous bouquinons à l'ombre ou nous nous baignons dans les torrents glacés. Les chevaux, semi-sauvages, viennent boire à l'abreuvoir où se rouler dans la boue de la verse. Scotch roupille toute la journée. Nous regardons les étoiles ; il y en a plus que du noir dans le ciel sans lune; certaines lacèrent la toile le temps d'un vœu pour la nouvelle année, fidèle au calendrier scolaire. J'ai recommencé à travailler, doucement, j'y songe parfois la nuit, mais les pensées sont plus souvent métaphysiques que fonctionnelles lorsque nous regardons les montagnes avec le peu qu'il reste de neiges éternelles.

mercredi 22 août 2012

Ascension


Les effets se sont faits sentir tandis que je traversais la forêt. Ça grimpait, ça grimpait. J'avais beau faire des pauses, l'altitude me faisait tourner la tête. Impossible de m'arrêter. Toujours plus haut. Une crête après l'autre, le désir de voir l'autre côté me tirait en avant. Le soir pointant j'ai fini par planer sur le tranchant d'une colline, au milieu des herbes hautes, trouvant refuge sur une pierre plate où ne se dorait aucun serpent. J'ai tiré sans viser avec le soleil couchant derrière la tête. Ça montait toujours…
Au retour, l'image me laisse imaginer que ce récent passé augure peut-être d'un avenir plus ou moins lointain. Le voyage dont elle porte les traces ne se dissipera que le lendemain matin, même si celles-ci resteront indélébiles.

samedi 18 août 2012

Muses


Jamais la phrase de Lacan n'aura été aussi limpide : avec les arts on s'amuse, on muse avec les lézards.

mercredi 15 août 2012

Cimes


Très loin. Très haut. Mais on pense à vous...

samedi 4 août 2012

Comme un drapeau flottant sur l'horizon


Palavas-les-flots.
Couchant.

vendredi 3 août 2012

Retraite


Ne bloguant généralement plus les week-ends et prenant mes quartiers d'été sur le flanc sud d'une haute montagne où ne règnent ni wi-fi ni 3G il est probable que ce blog ne réapparaîtra régulièrement qu'en septembre. Il n'est pourtant pas impossible qu'une virée dans la vallée ou une grimpette au pic nous autorisent quelque connexion pendant cette période de retraite. Scotch est ravi. Il a laissé aux amis le soin de s'occuper de son chez lui en notre absence. Il nous accompagne donc pendant notre périple, lové sur son fauteuil, admirant les étoiles et les soucoupes volantes qui éclairent nos nuits, se dorant au soleil en évitant soigneusement de nous accompagner lorsqu'il s'agit de baignade. Bonnes vacances à celles et ceux qui en prennent, bon courage pour les autres et à bientôt !

jeudi 2 août 2012

Illuminations


Les longs trajets automobiles favorisent la concentration auditive. Tandis que défile le paysage, du port bleu de Marseille aux collines vertes du Languedoc, en passant par la Camargue où gambadent chevaux gris et taureaux noirs, j'enchaîne les débuts de Brigitte Fontaine (... est folle !) arrangé par Jean-Claude Vannier, Le voyage dans la lune, probablement le meilleur disque du groupe Air, les Blues and Haikus du poète de la Beat Generation Jack Kerouac accompagné par les saxophonistes Al Kohn et Zoot Sims, l'album rock de reprises Way Out West de l'hypersexy septuagénaire Mae West, et enfin Illuminations de Buffy Sainte-Marie.


En écoutant cet époustouflant disque de l'amérindienne Cree canadienne, je fais le lien direct avec le passionnant livre de Philippe Robert et Bruno Meillier, Folk et renouveau, une balade anglo-saxonne, que j'ai commencé à La Ciotat (Le mot et le reste, Formes). Lorsque Illuminations est sorti en 1969 je ne connaissais que le poème God Is Alive, Magic Is Afoot de Leonard Cohen mis en musique par Buffy Sainte-Marie entendu par hasard au Pop-Club de José Artur. J'avais été marqué par l'originalité du traitement électroacoustique pour une chanson folk. C'est l'époque où je recherchais tout ce qui sonnait résolument moderne dans la pop comme les Silver Apples, White Noise, les manipulations de Frank Zappa pour Uncle Meat, Electronic Sound de George Harrison, mais aussi Pink Floyd, Soft Machine, Vanilla Fudge, etc.


Surtout connue pour l'hymne à la paix Universal Soldier et son hit Until It's Time for You to Go repris entre autres par Elvis Presley, Buffy Sainte-Marie a ensuite totalement abandonné cette voie, expulsant même cet incroyable album expérimental de son catalogue. À l'exception d'une guitare électrique sur un morceau et d'une section rythmique sur trois des derniers, tous les sons du disque, soit la voix et la guitare sèche de Buffy, sont trafiqués par un synthétiseur Buchla. Illuminations fut de plus le premier disque à sortir en quadriphonie ! Si la voix des premières chansons rappelle Joan Baez la suite ressemble plutôt à Grace Slick, la chanteuse du Jefferson Airplane, mais dans tous les cas elles se seraient envolées vers les plus hautes sphères, là où le psychédélisme vous fait complètement chavirer... D'où ces Illuminations tripantes qui donnent son titre à l'album, le sixième de cette artiste engagée, transformé par son producteur Maynard Solomon, les arrangements de l'allumé Peter Schickele et du musicien folk-jazz Mark Roth. Fortement conseillé pour léviter dans des paysages minimalistes dignes de la meilleure science-fiction !

mercredi 1 août 2012

Leonardo en perspective


Super nouvelle de la Cité des Sciences et de l'Industrie : nous avons gagné l'appel d'offres pour réaliser une application iPad s’inscrivant dans l’exposition Léornard de Vinci, projet dessins, machines (23 octobre 2012 au 18 août 2013) et éditée par Universcience. Rien de pédagogique, mais une liberté de création dont nous nous emparons, Nicolas Clauss et moi-même, pour transposer l'imagination du génial touche-à-tout au XXIe siècle. Si j'ai demandé une image à Nicolas pour illustrer ce billet, ce ne sont encore que des esquisses de La machine à rêves de Leonardo. Nous avons la chance d'avoir Sonia Cruchon comme chef de projet et le développeur Nicolas Buquet adaptera nos élucubrations pour la tablette numérique.


L'œuvre sera plastique, musicale, interactive, onirique et ludique, vision contemporaine de la cosmogonie de Léonard de Vinci, issue de l’univers plastique de Nicolas Clauss et de mon univers musical. La profusion de medias, tant graphiques que sonores, et l’aléatoire dans leurs associations et combinaisons créeront une infinité de tableaux qui pourront se renouveler sans cesse. Nous nous inspirerons des idées de l’artiste inventeur Léonard de Vinci pour actualiser ses intérêts pour la mécanique, l’anatomie, les animaux, le mouvement, les automates… L'œuvre pensée pour l’iPad aura recours à l’accéléromètre, au multitouch et au plaisir du tactile ; elle invitera à la manipulation, l’exploration des possibles fonctionnels de la tablette permettant d’aller plus loin dans la découverte de l’œuvre. En trois étapes successives, elle constituera une métaphore de l’acte de création. C'est dire si nous sommes excités et déjà à pied d'œuvre.

P.S.: heureuse coïncidence, mon camarade Sacha Gattino avait déjà gagné l'appel d'offres pour le design sonore de l'exposition !