La campagne du premier tour des élections municipales s'achève pleine d'espoir pour le candidat que nous avons choisi de soutenir. Jamais encarté, inorganisé pour ne pas dire indiscipliné, je n'avais jamais milité dans un cadre aussi républicain. Devant les déviances de la gauche et de ce qui s'en réclame j'aurais même eu plutôt tendance à glisser dans l'urne un bulletin blanc tant je suis écœuré d'avoir toujours dû voter "contre". L'alternance est une chimère qui laisse aux prétendus socialistes le soin de faire avaler à la population ce que la droite n'a pas su imposer. Même si j'ai participé à quantité de manifestations populaires ou élitaires, mes activités politiques ont toujours été plus intellectuelles que pratiques. Mon travail artistique et ses conséquences actives ont par contre milité sans faille pour les idées généreuses développées au cours de mon enfance et mon adolescence. Libre-penseur je n'ai jamais dû renier la base de mon inspiration, mélange de révolte contre les injustices sociales et la brutalité humaine et de rêves utopiques auxquels on m'opposait une imbécile incrédulité. Fondamentalement expérimental, je suis persuadé qu'en tout domaine rien n'est impossible, le pire comme le meilleur. Il suffit de s'y coller sans relâche pour éviter l'un et partager l'autre. Mais rien ne se fait seul. Les associations sont indispensables.


Prenant la parole au cours de meetings organisés par la liste Bagnolet Avenir 2014 qui regroupe le PCF, le Parti de Gauche, la Gauche Unitaire et un Collectif de Citoyens non encartés mais résolus à chasser le maire actuel pour redonner un visage humain à notre ville, j'expliquai que ma participation à toutes les dernières élections se cantonnaient à glisser un bulletin dans l'urne. Quelques minutes à lire les papiers officiels, quelques secondes dans l'isoloir. Voter était synonyme de démission si j'en restais là. Le pouvoir de la population étant de plus en plus limité à l'image de celui de nos gouvernants, muselés par des lois contre lesquelles nous avons voté massivement et qui ont été promulguées malgré cela (la Constitution Européenne est une honte absolue), les présidentielles et les législatives sont une mascarade que seul un travail de proximité peut espérer renverser. Les municipales sont un excellent exemple de ce travail de proximité. C'est en changeant les rapports à nos voisins, en exprimant notre solidarité avec tous et toutes, que nous pourrons inverser le cours des choses. Dans cette perspective j'ai suggéré à Laurent Jamet, tête de notre liste, une coopérative de compétences. Que jeunes et anciens échangent leurs connaissances, que les communautés se rencontrent et œuvrent ensemble, etc. En tractant, collant, faisant du porte à porte, rencontrant des dizaines d'habitants de mon quartier et d'autres plus éloignés, j'ai fait la connaissance d'un nombre étonnant de gens charmants (pas que !), je me suis fait de nouveaux amis, j'ai appris un nombre de choses époustouflantes sur la vie d'une municipalité, sur la pratique de la politique en général, sur la corruption et le clientélisme, sur les actions primordiales, sur le gâchis, sur l'absurdité de l'administration française, sur la générosité de certains militants aussi.
Je reviendrai probablement sur tout cela après le 30 mars, préférant ne pas divulguer mon journal de campagne au jour le jour pour profiter du recul critique. Mon engagement citoyen est motivé par une vigilance nécessaire avant, pendant, mais surtout après les élections ! Pour autant, pendant ces nombreuses semaines, figurant moi-même avec Françoise sur la liste, je suis heureux d'avoir soutenu Laurent Jamet, candidat sincère dont le programme m'a semblé le plus juste et le plus ouvert.