NOOOOOOON ! N’ouvrez pas ce livre ! Ne le dépliez pas ! Et ne l’affichez pas ! Rentrez placards ! Sortez des murs ! Achevez d’imprimer les libraires ! Supprimez les imprimeurs ! Autodafez les éditueurs ! Avis-à-la-vie-à-la-mort : avisez pas les affiches 350 DPI ! Dévisagez-défigurez ! Visez-vous 2D ! Côt-côt- côt-côt, quat’ de couv’ ! Et sautez lé zôteurs ! Fiche ton camp, ennemi lecteur !
Vendredi Maison de la Poésie, l'écrivain-compositeur Jacques Rebotier avait invité le batteur Edward Perraud à lui donner la réplique pour une performance autour de son livre 22, placards!, prix littéraire des lycéens et apprentis de la région Île-de-France 2014. Plus à l'aise dans la composition que l'improvisation Rebotier trouve en Perraud un complice hors pair, si aiguisé dans l'écoute que le moindre de ses réflexes percussifs semblent anticiper les mots. L'exercice de l'instantané tient de la schizophrénie lorsque le performeur doit frapper, frotter, caresser, lancer tout en écoutant le texte-gigogne qui se déplie devant lui.


Là où le poète pratique le montage en direct le musicien jongle littéralement avec les mots de l'autre, les prolongeant par un timbre approchant, reproduisant la prosodie, traduisant dans l'instant l'humour ravageur en notes de musique. Il marche sur des charbons ardents comme un fildefériste dont on aurait chauffé le fil à blanc. Rebotier appela Saint-Paul et Manuel Valls à la rescousse, le premier en petits papiers pliés jonchant le sol comme des pâquerettes, le second placardé grand écran radotant ses labsus révélateurs.


Cet Out of placards se termina en séance photographique lorsque François Bayle vint saluer les deux compères après concert. Perraud dont la passion pour la photo est égale à son enthousiasme musical est toujours à l'affût de l'image, même démuni de son appareil ! Je m'y suis donc collé allègrement, avec l'idée de réinviter cet été le batteur aux Rencontres d'Arles pour une nouvelle soirée au Théâtre Antique, mais ça c'est une autre histoire...