Seul en scène et sans contrebasse, Fantazio raconte l'Histoire intime d'Elephant man de 1981 à 2012. À l'Atelier du Plateau, trois soirs durant, l'artiste protéiforme se met à nu en convoquant les icônes de son enfance, saucissonnant ses rêves et les exposant au public amusé en un feu d'artifices chaotique qui tient d'une fantastique performance d'acteur. La confidence se transforme rapidement en un zapping de rôles pas plus emprunté qu'empreint, car Fantazio incarne tous ses personnages en convoquant son inconscient à la manière des hystériques, ou bien tout comédien n'exerce-t-il pas le métier expiatoire de schizophrène professionnel ? Faisant son miel de toutes fleurs, Fantazio dresse un costume sur mesures à la folie ordinaire. Le chaos s'organise. Mais lorsqu'il expose ses parties génitales, centre fantasmatique de l'analyse et tromperie du pachyderme lynchien originaire, l'intensité s'émousse. Le mystère du drap troué qui le recouvre est plus puissant que la figure du monstre. La provocation affadit le récit de la déformation lorsque l'image étouffe les mots. Il n'en reste pas moins un extraordinaire moment de théâtre farci d'humour, équilibre impossible entre une réalité sublimée et un imaginaire mis en scène, l'intimité dévoilée appartenant dès lors au public qui a payé sa place, chacune et chacun y investissant sa propre interprétation.