Il y a quelques jours j'évoquais La vieille dame indigne que René Allio réalisa en 1965 avec la comédienne Sylvie. Epilogue met en scène un couple d'octogénaires on ne peut plus dignes, confrontés à l'absurdité d'un monde qui a perdu tout sens des valeurs humaines. Berl et Hayuta qui ont participé à la fondation de l'État d'Israël ne reconnaissent plus le pays dont ils ont rêvé et qu'ils ont pensé avoir créé. Ils continuent de défendre leurs idées socialistes, de solidarité et de confiance mutuelle, face à l'individualisme et à l'égoïsme d'une société devenue autiste. Sans faire directement référence à la politique criminelle et suicidaire de son pays, le cinéaste Amir Manor en dresse un portrait kafkaïen qui ne laisse aucun espoir quant à l'avenir de ses deux héros.


Le romantisme des actes fondateurs est encore interrogé dans le moyen métrage qui figure également dans le DVD publié par Blaq out, mais le sang qui les a accompagnés n'offre pas plus d'avenir aux trois adolescents meurtriers de Ruin. Le rythme lent n'est plus celui de la vieillesse, mais celui d'une jeunesse qui teste ses limites et dont les repères ont été pulvérisés à force de mensonges. Faut-il voir dans ces deux films autre chose que la culpabilité d'avoir engendré un monstre sous prétexte d'en fuir un autre ? Au milieu de toute cette brutalité Amir Manor cherche à débusquer la tendresse, seule légitimité qu'il puisse cautionner pour espérer retrouver la lumière.