En épluchant les annonces de chatons à donner je suis tombé sur une fratrie de chartreux gris souris à croquer. Pas question d'acheter un animal évidemment. Nous souhaitons adopter un petit de deux ou trois mois élevé sous la mère, espérant éviter ainsi les conséquences des traumatismes des pauvres bestioles abandonnées. C'est aussi une question de coup de foudre car l'aventure commune peut durer vingt ans (si je tiens le coup jusque là !). Il est donc indispensable de voir les chatons avant de nous décider. Nous connaissions ainsi les pédigrées de chats de gouttières de Lupin, Scat, Snow et Scotch pour avoir rencontré leurs mamans.
Les donateurs hypothétiques des chartreux répondirent par une série de questions: "Êtes vous éleveur ? Où vous situez vous ? Êtes-vous sûr que votre temps et votre revenu vous permettent de bien prendre soin de nos chatons ? Surtout ne pas les vendre." Suivies de conditions : "Me permettre de visiter les chatons disons deux fois par an, me donner les nouvelles des chatons avec les photos aussi, leur donner tout l'amour dont ils auront besoin, prendre bien soin d'eux, il faudra que les bébés restent avec vous toute leur vie." Enfin la description des caractères de chacun donnait envie d'adopter aussitôt les deux. Je répondis comme il se doit à chaque question avant de m'apercevoir que les chatons ne vivaient pas à Paris comme stipulé sur l'annonce, mais à Londres ! Il fallait donc aller les chercher ou payer les frais de transport de 200 € par chaton par une agence spécialisée dans la livraison animalière. J'avoue avoir fait machine arrière alors que nous aurions pu passer le week-end en Angleterre (pour moins de 400€!) et ramener la marmaille avec nous dans l'EuroStar, mais les formalités douanières se sont un peu durcies depuis peu...
La photo des chartreux m'a évidemment fait penser à Scat, mort à quatre ans, empoisonné par un voisin maladroit ou mal intentionné. Guy Le Querrec l'a immortalisé sur un fameux cliché paru dans son recueil Jazz, un petit format italien de 400 pages où notre héros m'épaulait au Theremin pendant que Bernard Vitet jouait du cornet dans le jardin de Clamart (Federico Motta Editore, 2001). Sa photo est également parue quatre ans plus tard dans Le Chronatoscaphe, album exceptionnel commémorant le 25e anniversaire du label nato (3 CD, illustré par une douzaine de dessinateurs de BD et une soixantaine de photos de Le Querrec, avec des textes d'une vingtaine de journalistes) ; j'en avais écrit et composé les 53 intermèdes sonores avec la participation des comédiens Nathalie Richard et Laurent Poitrenaux à la demande de son producteur Jean Rochard, grand serviteur de la gente féline...

P.S. : lire "Arnaque aux chatons"